Le Q de Tobin

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La transposition française littérale de l’expression américaine n’est pas des plus élégantes, et il n’est pas certain qu’elle célèbre la gloire de James Tobin, économiste américain (1918-2002, "Nobel d’économie" en 1981), au moins dans les pays francophones. Le "Q" (lettre sans signification particulière) mesure le rapport entre la valeur boursière d’une entreprise et la valeur économique dite "de remplacement" (combien faudrait-il payer pour reconstituer l’entreprise à l’identique si elle venait à disparaître ?). Si la valeur en Bourse (ce qu’on appelle habituellement la "capitalisation boursière") excède la valeur de remplacement, alors les dirigeants de l’entreprise ont intérêt à investir, puisque le marché (la Bourse) valorise ses actifs plus cher qu’ils ne coûtent. Et si c’est l’inverse (valeur en Bourse moindre que valeur de remplacement), les actionnaires ont intérêt à vendre, car l’entreprise rapporte moins qu’elle ne coûte. Ce "Q" va à l’encontre du théorème de Modigliani-Miller , mais sa validité repose sur une hypothèse particulièrement fragile : la Bourse évalue parfaitement la valeur d’une entreprise. Ce dont on peut douter...

Tobin, en fait, est davantage célèbre pour sa proposition de taxe sur les opérations de change, destinée à "jeter un peu de sable dans les rouages des marchés monétaires internationaux" qu’il estimait, dans la lignée de Keynes, déstabilisateurs car trop générateurs de spéculation.

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