Du "brain drain" au "brain gain"

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Par Amar Nafa

L’informaticien indien travaillant dans la Silicon Valley : l’image est emblématique de la fuite des cerveaux. Rien d’étonnant lorsque l’on sait qu’un million de personnes hautement qualifiées quittent l’Inde chaque année, contre 20000 en Afrique. Pourtant, avec 3% de ses cerveaux expatriés, l’Inde ne craint pas la pénurie de main-d’oeuvre diplômée. Ce qui est loin d’être le cas de pays comme la Guyane où ce taux atteint 83%, la Jamaïque où il est de 82% ou l’Angola et l’Ile Maurice où il dépasse les 50%. Il y a aujourd’hui plus de scientifiques et d’ingénieurs africains aux Etats-Unis qu’en Afrique. Cet exil touche les chercheurs et les techniciens mais aussi les enseignants, les infirmières et les médecins. Les trois quarts des pays d’Afrique subsaharienne se trouvent ainsi sous le seuil minimum fixé par l’OMS de vingt médecins pour 100000 habitants. Résultat, face à cette perte de personnel qualifié, plus du tiers de l’aide publique au développement destinée à l’Afrique sert à payer des coopérants étrangers.

Les expatriés hautement qualifiés

Mais la fuite des cerveaux est-elle uniquement un frein au développement? Pas si sûr pour des pays émergents comme l’Inde ou la Chine. Suivant l’exemple réussi des NPI (Taïwan, Corée du Sud, Singapour, Hongkong), ces Etats prennent des mesures incitatives (double nationalité, réduction d’impôts sur les investissements...) pour faire revenir les cerveaux et transformer le brain drain en brain gain (gain de compétences). Les expatriés ramènent dans leurs valises des savoirs acquis à l’étranger. Le pays d’origine doit pouvoir financer des infrastructures performantes pour les utiliser pleinement. En revanche, les pays d’Afrique et des Caraïbes, qui souffrent déjà le plus du brain drain, ne réunissent pas ces conditions. Du coup, leurs élites, installées dans leurs vies professionnelle et privée n’ont aucun intérêt à revenir.

Pour les pays qui ne peuvent pas miser sur un retour de leurs émigrés, des programmes de coopération comme celui du Pnud, Tokten, permettent d’organiser des séjours de courte durée de trois semaines à trois mois pour un apport de compétences lors de séminaires ou de travaux en coopération. Des réseaux, qui mettent en relation les expatriés et la population locale, se créent aussi via Internet. Ces initiatives se développent de plus en plus. Mais ce ne sont pas des ordinateurs qui combleront le déficit grave de médecins ou qui enseigneront dans les écoles à la place des instituteurs.

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