Villes privées, défense d’entrer

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Weston, comté de Broward, petite ville de Floride tranquille et cossue. Avec ses écoles, ses centres commerciaux, son "country club" et... ses kilomètres de murs, derrière lesquels 50000 personnes vivent à l’abri des "indésirables". Seules les routes de cette commune de 4000 hectares et, au nord et à l’est, quelques petites zones, sont libres d’accès. Ailleurs, l’espace résidentiel est clos. Pour y pénétrer, il faut franchir des portes contrôlées par des gardes à qui l’on montre patte blanche.

Les espaces résidentiels sécurisés à Weston (Floride)

Weston, par son étendue et son statut de municipalité, fait figure d’exception dans le paysage des gated communities, ces lotissements clôturés, généralement de taille plus réduite, qui se sont développés essentiellement aux Etats-Unis, mais aussi en Amérique latine (les barrios cerrados), en Asie, en Afrique et en Europe. Reste que ces enclaves sont en plein boom. Au milieu des années 90, de source universitaire, leur nombre aux Etats-Unis était estimé à 20000, abritant une population de 8 millions de personnes. En 2000, selon une enquête nationale, 17 millions d’Américains vivaient dans des ensembles clôturés, dont la moitié dans des résidences où l’accès est contrôlé. A San Diego, en Californie, 15% du parc résidentiel se situe dans des zones fermées.

Le besoin de sécurité, souvent plus fantasmé que réel et sur lequel jouent les promoteurs immobiliers, n’explique qu’en partie cette évolution. L’enfermement volontaire traduit aussi un souci de se retrouver "entre soi", dans un environnement soigné et protégé, entre personnes partageant le même niveau de vie, les mêmes loisirs, que satisfont des équipements collectifs tels que club houses, tennis et parcours de golf. Mais si les gated communities sont, bien entendu des lieux de la distinction sociale (certaines, très huppées, sont spécialisées dans le yachting ou l’aviation), elles ne collent pas, rappelle un ouvrage qui vient de Paraître et dont cette carte est tirée1, à l’image d’épinal des "ghettos dorés" ni à celle des havres de paix pour retraités. Elles sont désormais, comme à Weston dont la moitié des habitants ont moins de 34 ans, essentiellement investies par les classes moyennes et moyennes supérieures. qui, pour 250000 à 400000 dollars la maison, peuvent s’offrir les clés de leur petit Paradis artificiel. .

  • 1. Ville fermée, ville surveillée. La sécurisation des espaces résidentiels en France et en Amérique du Nord, par Gérard Billard et al., Presses universitaires de Rennes.

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