Survivre à Lagos

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A force de monter et de descendre des escaliers en portant de lourds sacs, Maria a acquis une impressionnante musculature. Sa corpulence et des grossesses en série la font Paraître plus âgée qu’elle ne l’est. A 35 ans, elle est mariée et mère de cinq garçons, de 16 ans à 5 ans. Toute la semaine, Maria et son mari font du porte-à-porte pour vendre des légumes achetés sur les marchés des abords de la ville. Le couple vit aux confins de Lagos, la tentaculaire capitale économique du Nigeria qui compte 16 millions d’habitants. "On vit dans une petite baraque en bois, on n’a pas l’électricité, on puise l’eau à la source." Une fois déduit le coût du transport, il leur reste chaque mois 8000 nairas, l’équivalent de 55 dollars, pour sept personnes. L’augmentation récente du prix de l’essence maintient l’inflation à un niveau élévé (16% en 2005) et entamé leur modeste revenu. Malgré son dur labeur, le ménage ne cesse de s’appauvrir. "La vie est de plus en plus difficile. Un sac de gari (farine de manioc très consommée au Nigeria) est terminé en deux jours. Il coûte 250 nairas (près de deux dollars), contre 80 il y a deux ans. Si c’est la rentrée scolaire ou si un enfant est malade, on mange moins." Etranglée par les difficultés financières, Maria a envoyé l’an dernier trois de ses enfants au village, chez sa mère qui cultive une parcelle dans le delta du Niger, une région pauvre du Sud d’où sa famille est originaire. Son grand espoir, c’est scolariser ses garçons dans des établissements publics, donc gratuits: "Je préfère les envoyer à l’école plutôt que de les faire travailler, comme ça ils ne subiront pas les souffrances que nous connaissons."

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