Les sorciers blancs

Par Vincent Hugeux Fayard (320 p., 19 euros).
Par Yann Mens

Un ouvrage décapant. Vincent Hugeux, journaliste à L’Express, cloue au pilori trois catégories de "  faux amis  " de l’Afrique. D’abord, les gourous de la com, marabouts au teint blanc reconvertis en griots des autocrates. Membres de la cour, ils vendent - cher - d’insipides hagiographies  : Mobutu hier, Sassou Nguesso aujourd’hui. Ensuite, les bricoleurs de chartes fondamentales. Hommage particulier à l’universitaire Charles Debbasch, grand maître du lifting constitutionnel à Lomé, conseiller juridique auprès de la dynastie Eyadema, de Gnassingbé, le père, à Faure, le fils. Sans aucun souci confraternel, l’auteur réserve le morceau de choix aux plumitifs. Il évoque, noms à l’appui, ces préretraités du petit écran qui cachetonnent en réalisant de lucratifs média trainings. Et s’attarde sur l’hebdomadaire Jeune Afrique, fondé en 1960 par Bechir Ben Yahmed. Dont la principale intelligence fut de survivre par tous les moyens. Spécialiste des "  apologies tarifées  ", il place le marketing au poste de commande. Au point que l’on invite un rédacteur à écrire un article "  à géométrie variable  " sur le Burundi. "  Il doit livrer deux versions, l’une élogieuse, l’autre critique. C’est l’accueil réservé par les autorités de Bujumbura à une offre commerciale qui a dicté le choix final.  " Bref, le degré zéro du journalisme. On referme le livre, en espérant une prochaine opération " Mains propres". On attend toujours les leaders qui congédieront ces Blancs pas très nets vivant aux crochets de l’Afrique.

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