Histoire

États-Unis : les années Kennedy, quel bilan ?

12 min

Fin stratège face à l'URSS, John Kennedy a su éviter un conflit nucléaire sur Cuba, mais n'a pas eu le temps de limiter l'engrenage guerrier au Vietnam. Ni de faire voter les réformes contre la ségrégation raciale dans son pays.

Le 20 janvier 1961, John Fitzgerald Kennedy entrait à la Maison Blanche. Un demi-siècle plus tard, il reste l’un des deux ou trois présidents américains les plus populaires, en partie à cause des circonstances de sa mort, le 22 novembre 1963. Agé alors de 46 ans seulement, ce président charismatique laissait derrière lui une élégante veuve et deux enfants charmants, mais aussi des rêves réalisables et des promesses qui ont rapidement viré à l’aigre sous l’effet de l’escalade militaire au Vietnam, des mouvements de protestation sociale et des émeutes raciales urbaines de la fin des années 1960, suivies par la démission forcée de Richard Nixon en 1974... Cette suite d’événements a amené les Américains à penser que si Kennedy avait vécu, tout cela ne serait pas arrivé. Retour en arrière sur une présidence tragiquement interrompue.

En 1960, la campagne électorale qui va conduire Kennedy à la Maison Blanche, et durant laquelle il affronte Nixon, est centrée sur un thème : " remettre l’Amérique en marche ". Il qualifie le leadership de Dwight Eisenhower d’usé. Et souligne que, comme l’a montré le lancement des satellites Spoutnik en 1957 et 1958, les Etats-Unis sont en retard sur l’Union soviétique en matière d’éducation et de technologie, notamment dans le domaine des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM). Il met en évidence le prestige déclinant des Etats-Unis dans le monde, surtout dans les pays nouvellement indépendants d’Afrique et d’Asie. Il pointe la perte de Cuba tombée entre les mains des communistes...

Superpuissance militaire

Kennedy emporte l’élection de 118 574 voix seulement, en grande partie à cause de son catholicisme qui lui a coûté les suffrages des nombreux électeurs démocrates des zones rurales, surtout dans le Sud et dans le Middle West, très attachés à la foi protestante. Son discours d’investiture le 20 janvier 1961 est considéré comme l’un des plus beaux jamais prononcés par un nouveau président. Hormis une référence à l’émancipation raciale aux Etats-Unis, il est consacré à la politique étrangère, ce qui reflète la grande préoccupation des Américains à l’égard de la guerre froide. Kennedy entend augmenter substantiellement le budget militaire, entre autres pour renforcer les capacités nucléaires des Etats-Unis et combler leur retard présumé vis-à-vis de l’URSS en matière de missiles. Il veut certes négocier avec les Soviétiques mais en position de force. Et il s’adresse à l’ensemble du monde en ces termes : " Que tous les pays le sachent, qu’ils nous veuillent du bien ou du mal : nous sommes prêts à payer n’importe quel prix, à supporter tout fardeau, à endurer toutes les épreuves, à soutenir tous nos amis et à nous opposer à tout ennemi afin de garantir la survie et le succès de la liberté. "

Zoom La dynastie Kennedy : Joseph, l’homme qui fabriqua le président

Personne n’a plus fait pour la carrière de John F. Kennedy que son père. Diplômé de Harvard, Joseph Kennedy est devenu riche grâce à la spéculation boursière, à l’industrie du film, à des investissements immobiliers et à l’importation d’alcool. Pour éduquer ses enfants, il leur explique volontiers qu’" on ne veut pas de perdants ici ". Mais il soutient et encourage son fils John qui souffre, dès son jeune âge, de nombreux problèmes de santé.

En 1932, Joseph Kennedy devient l’un des principaux soutiens du démocrate Franklin D. Roosevelt. Une fois élu à la Maison Blanche, celui-ci le nomme à la tête de la nouvelle commission chargée de réguler les marchés boursiers. La réussite de Kennedy lui vaut d’être désigné ambassadeur au Royaume-Uni, une première pour un Américain d’origine irlandaise. Mais Kennedy manque d’expertise dans les relations internationales et du jugement nécessaire pour exercer ces fonctions. Sa détestation de la guerre et du communisme lui fait minorer les dangers du nazisme. Roosevelt le remplace en 1941. Si Kennedy avait l’ambition de devenir le premier président catholique des Etats-Unis, celle-ci s’évanouit.

Il reporte ses espoirs sur son fils aîné, Joseph Jr, mais ce dernier meurt en 1944 durant une mission militaire. Joseph se tourne alors vers John qui n’a ni l’énergie ni le même intérêt que son aîné pour la politique. Il le persuade de se présenter au Congrès dans un district de Boston en 1946. Quelle que soit l’ardeur au travail de John, son élection aurait été impossible sans l’influence politique et l’argent de son père.Le jeune parlementaire fait trois mandats sans gloire à la Chambre des représentants, en partie à cause de sa santé. Puis, grâce à la fortune paternelle, il bat contre toute attente Henry Cabot Lodge en 1952 et entre au Sénat du Massachusetts. Il devient une personnalité prometteuse sur la scène nationale. De nouveau soutenu par son père, il remporte les primaires démocrates pour la présidentielle de 1960. Joseph le persuade de choisir le Texan Lyndon Johnson comme colistier. Il emporte ainsi les Etats cruciaux du Texas et de Virginie. Puis Joseph convainc John de nommer son frère Robert comme ministre de la Justice. Rien n’indique clairement qu’il ait influencé les décisions de son fils à la Maison Blanche cependant. Fin 1961, il est victime d’une attaque qui le laisse très affaibli jusqu’à sa mort en 1969.

Kennedy hérite de plusieurs crises diplomatiques. L’Union soviétique a lancé un ultimatum aux Occidentaux pour qu’ils évacuent Berlin-Ouest. Au Laos, la guerre civile fait rage entre les communistes du Pathet Lao et des forces non communistes qui sont soutenues par Washington. Un conflit déchire aussi le Congo-Kinshasa. A moins de 200 kilomètres des côtes de Floride, le gouvernement communiste cubain dirigé par Fidel Castro, qui a renversé un régime pro-américain en 1959, est soumis à des sanctions américaines décidées par Eisenhower. Kennedy comprend que le nationalisme représente une force plus puissante que le communisme dans les pays du Sud. Les Etats-Unis peuvent donc combattre les insurrections communistes en adoptant une approche éclairée face aux aspirations nationales. En pratique pourtant, il ne suivra pas toujours cette ligne.

Baie des cochons

Le régime cubain, qui a été poussé dans la sphère d’influence de Moscou dès 1960 par la politique hostile des Etats-Unis, incarne l’une de ces contradictions, comme le Vietnam. Pendant la campagne électorale de 1960, Kennedy a critiqué Eisenhower pour n’avoir pas suffisamment soutenu les combattants anticastristes à Cuba même, à un moment où la CIA préparait en secret une incursion militaire contre Castro en déployant des expatriés cubains. En avril 1961, Kennedy déclenche une opération planifiée par la CIA qui consiste à débarquer 1 400 rebelles cubains dans la baie des Cochons, au sud de La Havane. Mal préparée, l’opération vire à la débâcle. Le président refuse de céder aux instances de la CIA qui voudrait engager des forces américaines pour sauver l’opération. L’administration Kennedy doit cependant faire face aux critiques de l’URSS, mais aussi de l’Occident pour ce qui est vu comme une violation de la Charte de l’ONU et de plusieurs traités.

Deux mois plus tard, Kennedy organise un rendez-vous avec le leader soviétique, Nikita Khrouchtchev, pour le 3 juin à Vienne. Auparavant, il consulte le Général de Gaulle le 31 mai lors d’une visite à Paris qui est un succès de relations publiques. La gracieuse Jacqueline Kennedy, l’épouse du président, séduit la capitale. Le face-à-face viennois est moins agréable... Tandis que Kennedy cherche à obtenir la coopération de Khrouchtchev pour résoudre la crise laotienne et négocier un accord d’interdiction des essais nucléaires, le numéro un soviétique reste braqué sur Berlin-Ouest qu’il voit comme une vitrine du capitalisme, un refuge pour les Allemands de l’Est qui fuient leur patrie, et une base pour les services secrets américains. Pariant sur l’inexpérience de Kennedy, Khrouchtchev fait lourdement pression pour obtenir une solution au problème allemand, et notamment la conclusion depuis longtemps attendue d’un traité qui mette fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe, ce qui légitimerait les frontières des pays d’Europe centrale et mettrait un terme à l’occupation occidentale de Berlin-Ouest. Sinon, Khrouchtchev déclare qu’il signera un traité de paix séparé avec l’Allemagne de l’Est communiste à la fin de l’année. La menace d’un blocus de Berlin-Ouest, comme en 1948, voire d’une guerre se profile.

Kennedy rentre de Vienne ébranlé, mais bien déterminé à affronter Khrouchtchev sur la question de Berlin. S’il cède du terrain, l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) perdra confiance dans le leadership américain et lui-même sera affaibli aux Etats-Unis. Il augmente le budget de la défense, mobile des réservistes, prolonge le service militaire. Et ne laisse ainsi aucun doute sur le fait que les Etats-Unis sont prêts, si nécessaire, à défendre Berlin-Ouest par les armes. En répondant au bluff de Khrouchtchev, il ne lui laisse guère d’autre alternative que de construire le mur de Berlin, une solution méprisable, mais qui assure le statu quo dans la partie ouest de la ville. Peu à peu, les tensions dans cette partie du monde se relâchent. Kennedy sort de la crise plus fort qu’il n’y est entré.

Holocauste nucléaire

Le moment le plus déterminant de sa présidence se produit l’année suivante lorsque Castro accède la demande des Soviétiques d’installer des missiles sol-sol à Cuba. Une décision largement fondée sur la conviction que les Etats-Unis veulent envahir l’île. De fait, après l’échec de la baie des Cochons, l’administration Kennedy a secrètement lancé l’opération Mangouste, dirigée par la CIA, qui vise à renverser Castro par des sabotages à Cuba et par un projet d’assassinat du leader cubain. Khrouchtchev, en outre, reste préoccupé par le déséquilibre entre Moscou et Washington dans le domaine des missiles intercontinentaux. Le secrétaire américain à la Défense a effet révélé que, en réalité, les Etats-Unis ont un avantage de 172 contre 20 en la matière. En plaçant des missiles de portée moyenne et intermédiaire à Cuba, capables de frapper la plupart des villes américaines (voir carte ci-contre), Moscou peut compenser " à l’économie " son retard dans le domaine intercontinental.

Portée des missiles soviétiques à Cuba, en 1962

La reconnaissance aérienne révèle le déploiement de missiles à Cuba le 15 septembre 1962. Kennedy crée le Comité exécutif du Conseil national de sécurité, ou ExComm, composé de dix-neuf conseillers. Celui-ci délibère prudemment sur huit manières possibles de résoudre une crise qui pourrait mener à un holocauste nucléaire. On examine les motivations possibles de l’URSS. Les hypothèses se focalisent sur son retard en matière de missiles et sur Berlin, mais pas sur les activités secrètes des Etats-Unis contre Cuba, ce qui témoigne de l’aveuglement des participants... Au départ, la plupart des membres d’ExComm sont favorables à des frappes aériennes contre les sites de missiles. Mais Kennedy s’y oppose, car elles pourraient causer la mort de Soviétiques ou de civils cubains, et susciter une réplique soviétique ou des représailles ailleurs.

Il est décidé d’imposer un blocus aux bateaux soviétiques transportant les missiles et les têtes nucléaires. Si ça ne suffit pas, des frappes aériennes pourront être envisagées. Le fait que certains missiles soviétiques soient déjà installés à Cuba est le point faible de cette méthode. Mais elle permet d’obtenir plus facilement le soutien des membres de l’OEA (Organisation des Etats américains) et de la plupart des autres pays. Le 22 octobre, Kennedy informe ses concitoyens lors d’une intervention à la télévision. L’après-midi, il a rencontré dans le même but les dirigeants du Congrès, ce qui est étonnant car les assemblées ne joueront aucun rôle dans le processus de décision. Les Américains se préparent au pire.

16 000 hommes au vietnam

Le 26 octobre, Khrouchtchev, aussi soucieux que Kennedy d’éviter une guerre nucléaire, fait savoir qu’il est prêt à mettre fin à la confrontation pour peu que les Etats-Unis promettent de ne pas envahir Cuba. Mais le lendemain, un second message indique que les Etats-Unis doivent en outre retirer leurs missiles Jupiter de Turquie. Accepter publiquement un tel accord serait un désastre politique pour Kennedy. Puis un avion de reconnaissance américain est abattu par Cuba et les faucons d’Excomm demandent des frappes aériennes, suivies d’une possible invasion. John Kennedy charge alors son frère Robert de mettre au point un accord confidentiel avec l’ambassadeur soviétique à Washington : les Etats-Unis retireront leurs vieux missiles Jupiter dans un délai de cinq mois si les Soviétiques retirent leurs propres missiles de Cuba. En retour, il donne des assurances verbales selon lesquelles ils n’attaqueront pas Cuba. La crise prend fin.

Elle constitue la plus grande victoire de Kennedy dans la guerre froide. Elle accroît sa popularité aux Etats-Unis, et ailleurs dans le monde. Les relations entre Washington et Moscou s’améliorent, car les deux leaders partagent désormais un même but : éviter une confrontation nucléaire. Cela facilite la conclusion du traité d’interdiction partielle des essais nucléaires en 1963 et l’émergence de la détente. La crise des missiles va cependant convaincre les dirigeants russes qu’il lui faut égaler la production américaine de missiles, provoquant une course aux armements qui à long terme devait mener l’URSS à sa perte.

Dans les derniers mois de la présidence Kennedy, le Vietnam devient la crise prioritaire. Alors que son administration a négocié la formation d’un gouvernement auquel participe le Pathet Lao, une solution similaire est jugée impossible dans un Vietnam trop divisé. Kennedy estime qu’il ne survivrait pas lui-même politiquement si les communistes du Nord-Vietnam et le Viet-Cong du Sud devaient entrer dans un gouvernement d’union, car ses adversaires républicains accuseraient les démocrates d’être trop conciliants vis-à-vis des communistes. Kennedy finit donc par augmenter le nombre de conseillers américains au Sud-Vietnam dont le nombre atteindra 16 000 à la fin de son mandat. Durant les derniers jours de sa présidence, Kennedy insiste sur le fait que c’est aux Sud-Vietnamiens de gagner ou de perdre la guerre, sans déploiement de troupes de combat américaines. S’il avait vécu plus longtemps, jusqu’où les Etats-Unis seraient-ils allés pour sauver un gouvernement vietnamien en perdition ? Il n’y a pas de réponse claire. Mais une chose est sûre : il n’y aurait pas envoyé plus de 500 000 soldats américains, comme devait le faire son successeur Lyndon Johnson. La méfiance de Kennedy envers les militaires et sa perception plus fine de l’état du monde l’en auraient empêché.

La " nouvelle frontière "

En politique intérieure, le démocrate Kennedy s’est engagé à poursuivre la dynamique économique engagée par le New Deal (" nouvelle donne "), que Franklin Roosevelt a lancé dans les années 1930. Ce qui signifie que le gouvernement fédéral doit s’assurer que tous les Américains puissent bénéficier d’un niveau de vie et d’un logement décents, de soins médicaux, d’une éducation. La " nouvelle frontière ", slogan de Kennedy, diffère cependant du New Deal en intégrant des dimensions qui vont au-delà de réformes internes. Ainsi du programme spatial qui permettra d’envoyer un Américain sur la Lune en 1969, des Peace Corps qui mettront environ 100 000 jeunes Américains au service des pays du tiers-monde, de l’Alliance pour le progrès créée en 1961, destinée à aider l’Amérique latine. Si Kennedy ne parvient pas à faire adopter certains projets de loi, comme l’assurance maladie pour les personnes âgées ou l’aide fédérale à l’éducation, il aura beaucoup fait pour promouvoir la croissance économique, moderniser les programmes du New Deal, tels que la Social Security (assurance vieillesse, assurance chômage) et le salaire minimal, améliorer la condition des fermiers, développer la formation professionnelle. Et sur le tard, pour promouvoir les droits des Noirs.

Kennedy avait promis de mettre fin à la discrimination raciale. Raison pour laquelle la plupart des Africains-Américains avaient voté pour lui. Mais sa très courte victoire dans les urnes en 1960 et l’opposition du Congrès l’ont fait reculer. Les dirigeants du mouvement des droits civiques comme Martin Luther King sont consternés. En 1962, certains disent : " Nous avons perdu deux ans parce que nous l’avons admiré. "

Les militants du mouvement intensifient cependant leurs actions dans le Sud, là où ils se voient refuser le droit de vote (à l’exception d’une petite minorité éduquée), mais aussi l’accès aux cafétérias, aux piscines... Leurs actions attirent l’attention de tout le pays sur l’injustice raciale. Et Kennedy finit par réagir. Il joue un rôle central dans la déségrégation des universités du Mississippi et de l’Alabama. Le 11 juin 1963, son discours télévisé est consacré à la dimension morale des droits civiques. Il présente au Congrès un vaste projet de loi sur les droits civiques. Ce combat lui survivra puisque son successeur, et vice-président, Lyndon Johnson fera adopter la plus grande réforme législative du XXe siècle en la matière. Aucun autre président américain n’a mieux servi de son vivant la cause noire que Kennedy.

Zoom Assassinat : les secrets bien gardés de la CIA et du FBI

Plus de 2 000 livres ont été consacrés à l’assassinat de John Kennedy. Qu’ils aient été écrits par des journalistes, des avocats ou plus rarement par des universitaires, la plupart ont rejeté les conclusions de la commission Warren, selon laquelle Lee Harvey Oswald avait agi seul pour tuer le président le 22 novembre 1963. Et Jack Ruby, qui a tué Oswald deux jours plus tard, l’aurait fait parce qu’il éprouvait du chagrin pour les Kennedy.

Les investigations de la commission étaient largement dépendantes de la CIA et du FBI. Or, ces deux agences avaient peu intérêt à rechercher la vérité. La première, parce qu’elle était impliquée dans des activités secrètes à Cuba que l’enquête aurait pu mettre en évidence (lire p. 22), la seconde, parce qu’elle n’avait pas suffisamment surveillé Oswald en dépit de ses activités suspectes. La commission a estimé en outre que Kennedy et le gouverneur du Texas, John Connally, avaient été frappés de l’arrière par une même balle, tirée par Oswald depuis le sixième étage d’un immeuble. Cette " super-balle " aurait traversé la gorge du président avant de blesser le gouverneur, installé à l’avant de la voiture, en plusieurs endroits. Les sceptiques notent que des tirs venus d’ailleurs auraient été entendus. Mais la commission n’a pas sérieusement examiné la présence éventuelle d’autres tireurs. Pas plus que les liens de Ruby avec la pègre et donc l’éventuelle implication de la mafia dans l’assassinat, Kennedy ayant lancé une campagne contre le crime organisé. Les ouvrages sur le sujet tournent donc généralement autour de complots, les suspects les plus cités étant la mafia, les Cubains anticastristes et le gouvernement cubain. Les anticastristes, installés à la Nouvelle-Orléans où Oswald a travaillé, auraient reproché à Kennedy d’avoir trahi leur cause au moment de la baie des Cochons (lire p. 21). Quant au régime cubain, il aurait voulu se venger des projets d’assassinat de Castro par la CIA, Oswald s’étant rendu, dit-on, au consulat cubain de Mexico en septembre 1963.

Plusieurs chercheurs ont remis en question avec sérieux les postulats des multiples théoriciens du complot : l’implication de Cubains ou de la mafia, la super-balle, la présence d’autres tueurs... Par ailleurs, les 4 millions de documents officiels déclassifiés dans les années 1990 ne leur ont apporté aucune caution significative. Se pourrait-il qu’une commission qui a si mal enquêté soit pourtant parvenue à une conclusion exacte ?

Kennedy a pris ses fonctions alors que le pays était empêtré dans plusieurs crises à l’étranger et connaissait de graves problèmes internes. Des premières (Laos, Berlin, Congo, Vietnam), seul le Vietnam durait encore au moment de sa mort. Et hormis Cuba, aucune nouvelle crise n’était apparue pendant son mandat. Même sur le plan intérieur où ses réussites ont été moins nombreuses, il a amélioré la vie de la plupart des Américains. Aujourd’hui, on ne peut que spéculer sur ce qu’il aurait accompli de plus grand s’il avait vécu au-delà du 22 novembre 1963.

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