La Chiva Colombiana

par Edimo et Fati Kabuika, Les Enfants Rouges, 2012, 112 pages, 18 euros.
Par Yann Mens

La bande dessinée africaine a du mal à franchir les océans. " La Chiva Colombiana " réussit pourtant la gageure de traverser deux fois l’Atlantique. Dans un sens, pour dénicher une idée de scénario en Amérique du Sud. Dans l’autre, pour se faire éditer en France.

Au départ de l’aventure, le scénariste Christophe Ngalle Edimo, déjà auteur de " Malamine, un Africain à Paris " chez le même éditeur (Les Enfants Rouges) se lie d’amitié avec un dessinateur colombien et lui fait visiter son pays, le Cameroun. Le Latino-Américain, métis afro-européen, y voit même un air de famille avec sa terre natale. Dès lors, un projet d’album, dont l’histoire se passe en Colombie, naît entre les deux comparses.

Mais le Latino-Américain doit abandonner l’affaire. Installé en France, Christophe Ngalle Edimo poursuit seul le scénario. Et c’est un jeune dessinateur congolais, Fati Kabuika, contacté à travers l’association BD Kin Label, qui va le mettre en images.

Deux Africains, dialoguant par-dessus les frontières, racontent ainsi, sans avoir mis les pieds dans le pays mais avec l’aide vigilante d’amis colombiens, une histoire tragique qui voit une bande de jeunes de Buenaventura, auteurs de petits larcins, glisser dans le trafic de drogue, plus lucratif que le vol à la tire et surtout plus sanglant. Un business dans lequel, en Colombie, sont impliqués aussi bien des paramilitaires d’extrême-droite que la guérilla d’extrême-gauche des FARC.

L’un des mérites de cet album surprenant est de lever, à travers une intrigue à la fois sombre et sentimentale, le voile sur les préjugés raciaux en Colombie entre Blancs, Indiens et Noirs. ?

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