Pétrole : pompistes du nouveau monde
La région reste et devrait rester la première exportatrice d'hydrocarbures, mais les clients ne sont plus les mêmes.
Les pays du Moyen-Orient sont les rois du pétrole. Le monde l’a réalisé en 1973 lors du choc pétrolier lorsque les principaux producteurs arabes ont provoqué le quadruplement du prix de l’or noir en trois mois. La région, où les coûts d’extraction sont faibles, assure aujourd’hui 35 % des exportations mondiales. Une position incarnée par l’Arabie saoudite, premier exportateur sur la scène internationale, détenteur des deuxièmes réserves prouvées, derrière le Venezuela et devant deux autres pays de la région, l’Iran et l’Irak. Si longtemps les pays occidentaux furent les grands clients du Moyen-Orient, le vent a tourné vers l’Est. D’abord parce que les grandes économies émergentes d’Asie (Chine, Inde) n’ont guère de ressources en hydrocarbures et que leur soif continuera de croître (voir ci-dessous). Ensuite parce que certains clients occidentaux pourraient bientôt disposer de pétroles non conventionnels renfermés dans leurs sous-sols : les huiles de schiste notamment dont les principales réserves estimées se trouvent en Russie et aux États-Unis (voir ci-dessous). Si elle se confirme, cette mutation ne fera pas forcément baisser les cours, car l’extraction des pétroles non conventionnels coûte encore cher. Mais elle pourrait avoir des implications géopolitiques : Washington sera-t-il aussi soucieux de la stabilité politique du Golfe persique, s’il peut de plus en plus se passer de ces pompistes ? Et Pékin enclin à s’en mêler davantage ?