Danemark : sauvés par la patrouille

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Dans un pays où l'on peut être embauché dès l'âge de 13 ans, les jeunes représentent une main-d'oeuvre aisément manipulable. Heureusement, les "patrouilles des jobs" font des rondes estivales.

Benjamin Hansen est à peine plus âgé que ses auditeurs et ce matin-là, et il capte toute leur attention. Aujourd’hui, il anime une séance d’information devant seize élèves de l’école technique Taarnbysgaard, dans la périphérie de Copenhague. À travers un jeu de rôle, il amène les adolescents à réfléchir sur leurs droits en tant que salariés dans un pays où l’on peut travailler à partir de 13 ans, mais où l’école est obligatoire jusqu’à 15. C’est un succès. Les élèves font non seulement preuve d’intérêt, mais certains aussi prennent soudain conscience que leurs propres droits sont bafoués. Quelques-uns disent vouloir rejoindre un syndicat à la suite de cette intervention. Cela fait deux ans que Benjamin est membre d’une Jobpatrulje ("patrouille des jobs"). Il a commencé par consacrer deux semaines de son été à sillonner le Danemark à la rencontre des travailleurs mineurs, beaucoup de jeunes occupant un emploi pendant leurs vacances. Et depuis le mois de mai, avec une douzaine d’autres patrouilleurs, il mène une campagne d’information auprès des collégiens.

Prévention des conflits

Selon Kasper Tolstrup Andersen, le coordinateur national des patrouilleurs, "c’est en général dans les entreprises qui ont signé des conventions collectives qu’on constate le moins d’abus". Au Danemark, 80 % des salariés sont couverts par une telle convention. Parmi les fautes les plus fréquentes, citons le manque de pauses, l’infraction à l’interdiction du travail des mineurs dans les lieux où l’on sert de l’alcool et surtout l’absence de contrat de travail. "Les infractions sont souvent liées à un manque d’information, soit du côté des employés, soit de celui des employeurs. C’est principalement dans l’exigence d’un contrat de travail que notre campagne est la plus efficace", ajoute Kasper.

Créé à la fin des années 1970, à l’initiative du syndicat HK, le concept a rapidement pris de l’ampleur et s’étend aujourd’hui à l’échelle nationale. En 2013, plus de 11 000 entreprises ont reçu la visite surprise des patrouilleurs. Ils se rendent partout où les jeunes sont embauchés : supermarchés, marchands de glace, cafés, camps de vacances, fermes, etc. Au cours d’un entretien, ils font remplir aux adolescents un questionnaire qui servira plus tard à la rédaction d’un rapport annuel publié sur leur site Internet. Mais surtout, une fois le questionnaire rempli, ils font un point avec les employés. En cas de conflit, ils peuvent demander à parler aux responsables. Et dans des situations extrêmes, ils alertent la police.

Au Danemark, où les organisations syndicales sont aussi prestataires de services sociaux (assurance chômage), 70 % des salariés sont syndiqués. Et les jeunes générations suivent le même chemin. Dans un pareil contexte, les partenaires sociaux ont un intérêt commun à arriver à un consensus. Le modèle social danois mise sur une régulation par les conventions collectives plutôt que par la loi.

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