Industrie agroalimentaire : la montée des émergents
Depuis le début du XXe siècle, l’industrie agroalimentaire a connu un long processus de concentration dicté par la quête des économies d’échelle : produire plus pour faire baisser les coûts. Fusions et acquisitions ont conduit à l’émergence de grandes multinationales issues d’un petit groupe de pays : États-Unis, Europe et Japon. À côté de ces mastodontes qui dominent le secteur, on trouve toutefois quantité d’entreprises de taille plus modeste : dans l’Union européenne, les PME représentent toujours 49 % du chiffre d’affaires et 63 % des emplois dans l’industrie agroalimentaire.
Ces dernières années, la hiérarchie des grandes multinationales a été bousculée par la montée en puissance des pays émergents. Qui représentent aussi des marchés très dynamiques. Pour doper leur croissance, les multinationales s’attaquent à ces nouveaux eldorados, en rachetant des entreprises locales ou en adaptant leur gamme de produits. Ainsi, l’anglo-néerlandais Unilever (thés Lipton, soupes Knorr...) réalise désormais près de 60 % de son chiffre d’affaires dans les pays émergents.
Si la course à la taille se poursuit dans certaines branches comme la bière, elle a souvent fait place à une stratégie plus ciblée. Nestlé, le leader mondial, a ainsi mis l’accent ces dernières années sur l’offre d’"alicaments", ces produits alimentaires censés prévenir des maladies comme le diabète ou l’obésité. Un virage paradoxal dans un secteur dont la prospérité dépend largement de la consommation de produits peu diététiques, comme les glaces ou les barres chocolatées.