Trump et le charbon : beaucoup de bruit pour rien ?
La décision récente de Donald Trump de remettre en cause le Clean Power Plan d’Obama, qui imposait une réduction des émissions de CO2 des centrales à charbon, a fait couler beaucoup d’encre. C’est évidemment le symbole d’une vision climato-sceptique et d’un projet politique profondément réactionnaire sur les sujets environnementaux. Mais au total, et quelles que soient les intentions du président américain, cela va-t-il vraiment changer la donne ?
Pas d’effet domino dans le reste du monde
Tout d’abord, la décision de Donald Trump ne concerne que les Etats-Unis et ne remet pas en cause l’accord de Paris sur le climat. Et rien ne permet de penser à un effet domino. Au contraire, toutes les décisions prises sur le charbon dans le monde entier vont dans le même sens : celui d’une baisse de sa production et de sa consommation plus rapide qu’anticipé. La Chine, qui s’est engagée à réduire de 800 millions de tonnes ses capacités annuelles de production d’ici à 2020, connaît une baisse régulière de sa consommation depuis trois ans. Et même en Inde, la situation évolue plutôt dans le bon sens puisque en décembre dernier, le gouvernement a décidé de ne plus projeter l’ouverture de nouvelles centrales au-delà de celles en construction. C’est un signal fort dans un pays qui est potentiellement le dernier grand marché du charbon.
Une direction sans équivoque que la seule décision de Donald Trump ne peut remettre en cause
Aux Etats-Unis, un impact à ne pas exagérer
Qu’en est-il à l’intérieur des Etats-Unis ? A y regarder de plus près, l’impact des nouvelles politiques ne sera sans doute pas aussi destructeur qu’on ne l’entend parfois. Les nouvelles règles du jeu édictées par Barack Obama pour pénaliser le charbon américain n’étaient que partiellement entrées en vigueur. Elles ne peuvent donc justifier la faillite du numéro un mondial privé du charbon, la société Peabody, en avril 2016 ou celles de Arch Coal, Walter Energy, Alpha Natural Ressources et Patriot Coal quelques mois auparavant. Ce sont davantage des facteurs économiques qui expliquent le début de la fin du charbon. Les énergies renouvelables notamment sont maintenant compétitives à très grande échelle. Ainsi il y a aujourd’hui aux Etats-Unis six fois plus d’emplois dans les renouvelables que dans le charbon ! Et, cas particulier aux Etats-Unis, le gaz de schiste est également beaucoup moins cher que le charbon.
Ce n’est pas parce que Trump veut relancer le charbon que cela va se faire
L’axe climato-sceptique entre Donald Trump et Vladimir Poutine est une mauvaise nouvelle pour la planète. Sa capacité de nuisance ne doit pas être sur sous-estimée, mais pas surestimée non plus.