Entretien

« La radicalité du Hamas permet à Benyamin Netanyahou de justifier la sienne »

15 min
Jean-Paul Chagnollaud professeur des universités en sciences politiques et directeur de l'iReMMO

Comment Israël peut-il réagir après l’attaque lancée par le Hamas contre son territoire le 7 octobre dernier ? Outre la vulnérabilité de l’Etat hébreu, en dépit des mesures de protection érigées autour de la bande de Gaza, cette offensive sanglante a remis la question palestinienne au centre du débat politique moyen-oriental, explique Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités et président de l’Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO)

Pour l’universitaire, le débat sur le statut de la Palestine avait été marginalisé, dans l’espoir illusoire qu’une amélioration de la situation économique et sociale des Palestiniens les amènerait à renoncer à leur exigence d’un Etat souverain.

Israël est une puissance économique, militaire et technologique. Pourquoi est-elle soudain apparue aussi mal armée, presque impuissante face à un mouvement non étatique comme le Hamas ?

Jean-Paul Chagnollaud : Dans cette énumération de termes, il faut d’abord en ajouter un : Israël est une puissance occupante au regard du droit international et des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies. Elle occupe la Cisjordanie depuis la guerre des Six Jours en 1967.

Elle a aussi occupé la bande de Gaza à partir de cette date. Certes elle a évacué ce territoire en 2005, sous un gouvernement dirigé par Ariel Sharon, mais depuis lors elle l’enferme en lui imposant un blocus. Cela dit, en effet, Israël est une puissance économique, militaire et économique, et dans ces conditions, on peut se demander comment elle n’a pas su prévenir l’attaque lancée par le Hamas le 7 octobre dernier. Plusieurs niveaux d’explication sont possibles…

Comment Israël peut-il réagir après l’attaque lancée par le Hamas contre son territoire le 7 octobre dernier ? Outre la vulnérabilité de l’Etat hébreu, en dépit des mesures de protection érigées autour de la bande de Gaza, cette offensive sanglante a remis la question palestinienne au centre du débat politique moyen-oriental, explique Jean-Paul Chagnollaud, professeur émérite des universités et président de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO)

Pour l’universitaire, le débat sur le statut de la Palestine avait été marginalisé, dans l’espoir illusoire qu’une amélioration de la situation économique et sociale des Palestiniens les amènerait à renoncer à leur exigence d’un Etat souverain.

Israël est une puissance économique, militaire et technologique. Pourquoi est-elle soudain apparue aussi mal armée, presque impuissante face à un mouvement non étatique comme le Hamas ?

Jean-Paul Chagnollaud : Dans cette énumération de termes, il faut d’abord en ajouter un : Israël est une puissance occupante au regard du droit international et des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies. Elle occupe la Cisjordanie depuis la guerre des Six Jours en 1967.

Elle a aussi occupé la bande de Gaza à partir de cette date. Certes elle a évacué ce territoire en 2005, sous un gouvernement dirigé par Ariel Sharon, mais depuis lors elle l’enferme en lui imposant un blocus. Cela dit, en effet, Israël est une puissance économique, militaire, technologique, et dans ces conditions, on peut se demander comment elle n’a pas su prévenir l’attaque lancée par le Hamas le 7 octobre dernier. Plusieurs niveaux d’explication sont possibles.

Le premier, c’est une défaillance des services de renseignement, pourtant réputés parmi les meilleurs du monde. Il y a aujourd’hui beaucoup de débats en Israël sur ces éventuelles défaillances et leurs causes, mais pour l’instant, personne ne peut avancer d’explications étayées, preuves à l’appui. De longues investigations seront nécessaires pour évaluer ces carences.

Seconde possibilité, les services de renseignement possédaient bien des informations, mais les dirigeants politiques ne les ont pas prises en compte parce que le gouvernement de Benyamin Netanyahou, formé en décembre 2022 et qui compte des partis d’extrême droite, était mobilisé sur d’autres sujets, comme le soutien aux colons juifs en Cisjordanie ou la réforme de la justice, très contestée dans le pays.

De fait, ces derniers mois, beaucoup de soldats avaient été déplacés au nord de la Cisjordanie (Naplouse, Jénine…) pour protéger des colons dont certains ont tué des Palestiniens et pour combattre de petits groupes armés palestiniens actifs dans cette région. Ces transferts de troupes ont dégarni les abords de Gaza.

« Deux acteurs politiques se sont opposés de front aux accords d’Oslo signés en 1993 entre Israël et l’OLP : le Hamas et Benyamin Netanyahou »

La troisième option, vers laquelle je penche, est que le gouvernement israélien pensait avoir la situation en main à Gaza, à la fois grâce aux frappes qu’il avait effectuées au cours des années passées sur les infrastructures du Hamas dans le territoire et aux moyens sophistiqués de contrôle, telle la barrière de sécurité électronique ou le bouclier anti-missiles (le Dôme de fer), qu’Israël a installés autour de la bande.

Au moment de l’attaque du 7 octobre, face à l’irruption soudaine de nombreux combattants du Hamas et au tir massif de roquettes effectué par le mouvement islamiste pour saturer le Dôme de fer, ces moyens sophistiqués de contrôle ont révélé leurs limites.

Jusqu’à l’attaque du 7 octobre, Benyamin Netanyahou se satisfaisait-il de la mainmise du Hamas sur la bande de Gaza ?

J.-P. C. : Le Hamas, de fait, est le « meilleur ennemi » de Benyamin Netanyahou. La radicalité du mouvement islamiste permet au Premier ministre israélien de justifier la sienne. Il faut se souvenir qu’au moment où les accords de paix d’Oslo ont été signés en 1993 entre Israël, dont le Premier ministre était Yitzhak Rabin, et l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dirigée par Yasser Arafat, deux acteurs politiques s’y sont opposés de front.

Le Hamas, d’une part, a commis plusieurs attentats pour tenter de torpiller le processus. D’autre part, des membres de l’extrême droite religieuse israélienne ont assassiné Yitzhak Rabin en novembre 1995. Or des membres de cette même extrême droite religieuse sont aujourd’hui alliés de Benyamin Netanyahou et membres de son gouvernement, à l’instar de Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale et Bezalel Smotrich, en charge des Finances.

Dès 1996, Benyamin Netanyahou, qui accédait alors à la primature pour la première fois avec une coalition gouvernementale qui ne comptait pas de représentants de ces formations extrémistes, déclarait lui-même que la coexistence de deux Etats que les accords d’Oslo prévoient n’est pas la solution, mais le problème.

Qu’est ce qui explique que des combattants du Hamas aient été capables de tirer froidement, à bout portant, sur des civils désarmés ? Une soif de vengeance ? L’idéologie du mouvement islamiste ? L’antisémitisme ?

J.-P. C. : Ces tueries constituent des crimes de guerre, et probablement des crimes contre l’humanité au regard de la jurisprudence de la Cour pénale internationale. Quelles que soient les souffrances des Palestiniens, de tels actes ne peuvent être justifiés d’aucune façon. Quant aux raisons qui ont poussé des hommes à les commettre, les différentes motivations que vous citez sont susceptibles d’entrer en ligne de compte, et sans doute d’une manière différente d’un individu à l’autre.

Il peut y avoir notamment une volonté de vengeance après des années d’oppression et d’enfermement subies par les habitants de la bande de Gaza, mais cela ne change rien au caractère absolument choquant de ces tueries qui en outre sont parfaitement contre-productives pour la défense des populations palestiniennes. Il est également possible que certains de ses crimes soient motivés par l’antisémitisme, mais il est difficile de le savoir.

Concrètement, quels résultats le Hamas peut-il espérer obtenir, même en utilisant des otages israéliens ?

J.-P. C. : Sur un plan géopolitique, l’attaque du Hamas a réussi à replacer la question palestinienne comme une question centrale au Moyen-Orient alors que depuis plusieurs années, elle avait été totalement marginalisée. Or elle concerne cinq millions de personnes qui vivent en Cisjordanie et à Gaza, et des millions de réfugiés palestiniens principalement répartis dans plusieurs pays de la région (Liban, Jordanie, Syrie…).

« Même si une amélioration de leur situation quotidienne peut soulager un moment des populations palestiniennes, elles n’oublient pas leur volonté de s’auto-gouverner dans le cadre d’un Etat souverain »

Ce retour de la question palestinienne va probablement entraver le projet de normalisation entre Israël et l’Arabie Saoudite, projet parrainé depuis plusieurs mois par les Etats-Unis et qui fait suite aux accords d’Abraham, signés en septembre 2020. Dans le cadre de ces accords, plusieurs pays arabes, emmenés par les Emirats Arabes Unis, ont établi des relations diplomatiques avec Israël.

Une telle normalisation est notamment fondée sur l’idée que des investissements massifs qui seraient réalisés dans les territoires palestiniens permettraient d’améliorer la situation économique en Cisjordanie et à Gaza. Et que cela amènerait les populations à renoncer à leur volonté d’auto-détermination. Or c’est une totale illusion. Même si une amélioration de leur situation quotidienne peut soulager un moment des populations, elles n’oublient pas leur volonté de s’auto-gouverner dans le cadre d’un Etat souverain.

De manière plus immédiate, le Hamas peut tenter de négocier la libération d’otages israéliens contre celle de prisonniers palestiniens détenus en Israël qui sont au nombre de 4 500 environ et qui, pour la plupart, n’appartiennent pas au Hamas. Israël pourra-t-il refuser de négocier alors que dans l’Etat hébreu, le retour de soldats ou des civils pris en otage a toujours été considéré comme une priorité absolue ? En toute hypothèse, la présence de ces otages à Gaza rend beaucoup plus difficile l’offensive qu’Israël a déclenchée contre le territoire palestinien après l’attaque du 7 octobre.

A l’inverse, que peut espérer obtenir le gouvernement israélien en frappant durement Gaza ?

J.-P. C. : Ce gouvernement, qui compte dans ses rangs des extrémistes racistes, n’a jamais voulu reconnaître les Palestiniens comme un acteur politique, et donc négocier avec leurs représentants. Ce qu’il veut, c’est les écraser. Et le contexte de l’attaque 7 octobre est très favorable à un tel projet.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré qu’il fallait aller jusqu’au bout parce qu’Israël affrontait des « animaux humains ». Mais aller jusqu’au bout de quoi ? La logique qui sous-tend un tel projet repose sur une formule en vogue depuis très longtemps dans la droite et l’extrême droite israéliennes : les Arabes ne comprennent que la force et si ça ne marche pas, c’est que l’on n’a pas employé assez de force.

Le gouvernement israélien est encouragé de fait dans ce projet par le soutien des pays occidentaux qui voient le conflit actuel comme l’opposition entre une démocratie et des terroristes islamistes qui l’attaquent. C’est un prisme extrêmement réducteur, car Israël est bien une puissance occupante et elle est confrontée à un adversaire qui lui fait la guerre à cause de cette occupation. L’affirmer ne signifie en rien minimiser l’ampleur des crimes de guerre commis par le Hamas.

Mais en pratique, que signifie « aller jusqu’au bout » ? Israël peut certes frapper les infrastructures du Hamas, mais ne peut pas forcer à l’exil les deux millions de Palestiniens.

J.-P. C. : Ce qui s’est passé récemment dans le Haut-Karabagh, dont plusieurs dizaines de milliers d’habitants arméniens ont été contraints à l’exil en quelques jours, sans que quiconque intervienne pour l’empêcher, montre que des déplacements forcés de population ne sont pas impossibles.

Mais la bande de Gaza compte deux millions d’habitants qui n’auraient d’autres voies de fuite que l’Egypte ou la mer. Je ne sais pas ce que veut dire en pratique « aller jusqu’au bout », au-delà de la destruction systématique de toutes les infrastructures du Hamas et des « dommages collatéraux » terrifiants qui l’accompagneront. C’est-à-dire des milliers de morts palestiniens dont Israël rejettera la responsabilité sur le Hamas qui l’a attaqué le 7 octobre.

Bien sûr, on pourrait imaginer qu’une force d’interposition armée soit déployée par les Nations unies entre les forces armées israéliennes et les troupes du Hamas. Mais Israël s’y opposerait absolument, surtout dans le contexte actuel. Et de toute façon, le Conseil de Sécurité est incapable de mettre en œuvre un tel projet.

Israël pourrait-il reprendre directement le contrôle de la bande de Gaza, comme avant 2005 ?
J.-P. C. : Je ne crois pas qu’Israël l’envisage à ce stade parce qu’une telle prise de contrôle supposerait une guerre très complexe et intense en zone urbaine dans un territoire où l’infrastructure de résistance armée mise en place par le Hamas au fil des ans est très développée.

Qui plus est, des otages israéliens risqueraient évidemment de perdre la vie au cours d’une telle opération. Enfin, un tel projet susciterait sans doute des réactions très vives au sein de la population palestinienne de Cisjordanie et ouvrirait un second front important pour Israël.

L’Egypte qui a contrôlé la bande de Gaza entre 1948 et la guerre des Six Jours peut-elle jouer un rôle dans la désescalade de la crise, comme elle l’a souvent fait lors de précédents affrontements ?

J.-P. C. : Elle le doit et elle tente sûrement, comme la Jordanie, d’entrer en contact avec le gouvernement israélien, mais il est sans doute trop tôt aujourd’hui pour que son éventuelle médiation puisse être efficace. En revanche, l’Egypte n’a absolument aucune envie d’administrer la bande de Gaza comme elle l’a fait dans le passé. Personne en réalité ne veut prendre en charge ce territoire, sauf les Palestiniens et il leur est refusé.

L’Union européenne et les Etats-Unis peuvent-ils contribuer à la désescalade du conflit ?

J.-P. C. : Les Européens se sont tirés des balles de pied de manière parfaitement lamentable. Au lieu de rester dans le rôle de médiateurs potentiels, ils ont pris fait et cause pour Israël depuis le 7 octobre en le présentant uniquement comme une démocratie attaquée par des islamistes. Ils refusent de voir la complexité du contexte et le fait qu’Israël est une puissance occupante.

Certains pays européens, emmenés par la Hongrie ont même proposé de supprimer son aide au développement à la Palestine ce qui consistait à punir les populations pour une attaque décidée par le seul Hamas. Heureusement d’autres Etats membres s’y sont opposés avec succès, à l’initiative de l’Espagne. Au-delà de leurs divisions réelles sur la question palestinienne, les pays européens sont très pusillanimes sur ce sujet depuis les années 1980 et ne font guère que suivre les Etats-Unis.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont normalisé leurs relations en mars dernier. Dans le même temps, l’Iran est un des principaux soutiens du Hamas et ne s’en cache pas. Comment interpréter la politique iranienne au Proche-Orient ?

J.-P. C. : L’Iran cherche à s’installer en position de force à long terme dans l’ensemble du Moyen-Orient. Il est présent en Syrie, influent au Liban via le Hezbollah, au Yémen via les Houthis, en Irak à travers plusieurs milices chiites, et en Palestine, dont la population est majoritairement sunnite, en soutenant le Hamas.

Le rapprochement entre l’Arabie Saoudite et l’Iran a été une bonne nouvelle, et elles ne sont pas si nombreuses au Moyen-Orient. Pour autant, Téhéran doit être satisfait de voir que l’attaque du 7 octobre va probablement entraver la normalisation entre Israël et l’Arabie Saoudite qui l’inquiétait parce qu’elle risquait de l’isoler.

Le conflit autour de Gaza risque-t-il de s’étendre à l’ensemble de la région ?

J.-P. C. : Je ne crois guère à une extension du conflit au nord d’Israël, avec une intervention significative du Hezbollah, car ce mouvement a d’abord un agenda politique national au Liban, pays qui se trouve dans une situation politique compliquée depuis longtemps et surtout dans une situation économique et sociale catastrophique ces dernières années, avec une chute spectaculaire de sa monnaie. J’imagine mal que le Hezbollah prenne le risque de mettre en péril la position qu’il a acquise sur la scène politique intérieure en se lançant dans une aventure militaire contre Israël.

« Ce qui a changé, surtout avec l’actuel gouvernement, c’est que les colons les plus radicaux sont au centre du jeu politique et qu’ils font ce qu’ils veulent »

Quant à l’idée que l’Iran profite de la situation à Gaza pour attaquer Israël, elle me semble relever du fantasme. Les dirigeants iraniens savent très bien que cela provoquerait une intervention armée des Etats-Unis. Ce qui est possible en revanche, c’est qu’une nouvelle intifada éclate en Cisjordanie dans une forme qu’il est difficile d’anticiper.

L’échec des accords d’Oslo paraît aujourd’hui patent. Quel rôle a joué la poursuite constante de la colonisation juive qui a quadruplé depuis 1993 en Cisjordanie dans cet échec ?

J.-P. C. : Lorsque ces accords ont été conclus en 1993, les organisations de colons et les partis qui les représentaient jouaient déjà un rôle dans la politique israélienne comme force d’appoint pour former des coalitions parlementaires, ce qui leur conférait une relative influence, dans la création de nouvelles colonies surtout.

Ce qui a changé, surtout avec l’actuel gouvernement, c’est que les colons les plus radicaux sont au centre du jeu politique et qu’ils font ce qu’ils veulent. Qui plus est, des générations entières d’Israéliens sont nées dans des colonies désormais et continuent d’y vivre. Pour les Palestiniens de Cisjordanie, l’accroissement et la multiplication des colonies juives est la preuve quotidienne du grignotage incessant de leurs terres et qui s’ajoute à l’oppression de l’occupation.

Pourtant, de nombreuses résolutions du Conseil de Sécurité des Nations unies, dont la résolution 2 234 adoptée en 2016 avec l’abstention des Etats-Unis, ont condamné la colonisation. Celle-ci est interdite à toute puissance occupante en vertu de l’article 49 des conventions de Genève de 1949.

Une telle colonisation est considérée comme un transfert forcé des populations occupées, et donc comme un crime de guerre. Les pays occidentaux, à l’instar des Etats-Unis sous la présidence de Barack Obama, ont parfois essayé de faire pression sur Israël, au moins pour geler la colonisation, mais sans succès. D’autant qu’en l’occurrence Donald Trump a mis fin à cette politique.

Certains analystes estiment aujourd’hui qu’il n’y a plus aucun avenir pour une solution à deux Etats comme le prévoyaient les accords d’Oslo, parce que sur le terrain, la réalité est celle d’un seul Etat. Mais une solution à un Etat unique est-elle crédible, même à moyen terme ?

J.-P. C. : En pratique, la solution à deux Etats apparaît comme une utopie aujourd’hui. Mais la solution à un Etat ne veut rien dire du tout. Comment imaginer que les juifs israéliens puissent accepter de s’intégrer dans un Etat où les juifs ne seraient plus majoritaires puisqu’il compterait sept millions de citoyens juifs et sept millions de Palestiniens ? Le seul Etat unique acceptable pour la communauté juive israélienne serait un Etat de pur apartheid avec des citoyens aux droits très inégaux en fonction de leur communauté d’origine.

Propos recueillis par Yann Mens

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Commentaires (20)
Albert Marouani 16/10/2023
Pour moi la cause palestinienne et surtout le peuple palestinien méritent mieux que d'être représentés par une organisation islamiste totalitaire, fasciste et antisémite et le peuple israélien mérite mieux que d'être représenté par un gouvernement d'extrême droite qui comporte en son sein des racistes ignobles. Je n'ai pas le point de vue binaire ou à tout le moins très asymétrique de M. Chagnollaud. La détestation d'Israël ne fera pas avancer la solution à 2 Etats.
Driss Bouzaachane 15/10/2023
Bonsoir, Nous avons du mal a comprendre pour les gouvernements et certains intellectuels occidentaux inversent le sens des choses, c est la radicalité le racisme les atrocités des Israéliens depuis 1948 qui poussent des mouvements de résistance a se radicalisé.ce n' est pas l inverse d une part. D autre part vous souffrez d une myopie chaque fois qu il s' agit du conflits en Palestine. J espère pour vous que vous allez un jour mettre les lunettes adéquates pour voir la réalité comme telle
DANIEL 16/10/2023
A moins que j'aie mal lu, l'auteur ne nie pas ce qui s'est passé depuis le début de l'immigration juive en Palestine. Il explique comment Netanyahou exploite le raid du Hamas.
Gourou51 15/10/2023
Est-ce que De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac auraient réagi comme l'a fait Macron? Certainement pas ils auraient sans aucun doute appeler à la disparation du Hamas mais en oubliant pas de rappeler les résolutions de l'ONU qui ne sont toujours pas respectées par l'Etat d'Israël! Macron va certainement nous proposer d'accueillir les palestiniens qui fuient le nord de Gaza tout comme la présidente de l' UE.
Elegehesse 15/10/2023
Je partage les avis positifs . La solution un état est promue par une ONG mise en exergue par Piketty dans le Monde: Land for All 14 millions . https://www.alandforall.org/english/?d=ltr . Le problème ce sont les ultras juifs . en fait il faut 2 états : un pour les ultras (superficie proportion de la population qui se voterait religieuse pour un état théocratique ) et un pour les démocrates laïques de toutes confessions et couleurs de peau .
Françoise CLERC 13/10/2023
"Les Européens se sont tirés des balles de pied de manière parfaitement lamentable." Exact et navrant.Enfin une analyse qui ne recycle pas des émotions déguisées en idées.Cet article a sa place dans Alternatives car il ne faut pas minimiser les facteurs économiques que l'on oublie un peu trop face aux considérations idéologiques dans ce conflit. L'économie fait partie de la politique : par exemple pourquoi tenir à occuper la Cisjordanie ? Ce n'est pas que pour bâtir des maisons pour les colons.
Rébénacq 13/10/2023
Merci, Monsieur Chagnollaud, pour cet article qui prend du recul sur l'émotion du moment et la propagande inévitable.
JEAN TRONCHON 13/10/2023
On dirait un article de Mediapart. Je trouve que votre journal trait de moins en moins d'économie ! Et en plus vous sortez du chapeau un article de second rang. Honteux.
Hervé DEMAZURE 13/10/2023
voilà une opinion plus recevable que celle d'hier, trop desincarnee et donneuse de leçon. Ceci dit, la réaction européenne ici critiquée a été dictée par l'horreur plus que par l'analyse. On pourrait aussi parler des félicitations de l'Iran ou de l'Algérie dans l'autre sens. La responsabilité des pays arabes dans l'abandon des palestiniens devrait être plus souvent soulignée.
Albert Marouani 13/10/2023
Je suis allé des dizaines de fois en Israël et dans les Territoires. j'y ai partout des amis de gauche, laïques et engagés qui analysent lucidement les contradictions économiques, politiques et sociales de leurs sociétés respectives. Le fascisme commence quand on parle en général "d'israéliens", et de "palestiniens" en pensant probablement "juifs" et "arabes". WDI et Palestinian Bureau of Statistic publient des données édifiantes sur les inégalités intra-nationales. Consultez-les!
Albert Marouani 13/10/2023
Je suis allé des dizaines de fois en Israël et dans les Territoires. j'y ai partout des amis de gauche, laïques et engagés qui analysent lucidement les contradictions économiques, politiques et sociales de leurs sociétés respectives. Le fascisme commence quand on parle en général "d'israéliens", et de "palestiniens" en pensant probablement "juifs" et "arabes". WDI et Palestinian Bureau of Statistic publient des données édifiantes sur les inégalités intra-nationales. Consultez-les!
DANIEL 15/10/2023
On ne peut pas parler de Juifs ou d'Arabes. La grande majorité des Juifs vivent en dehors d'Israël, tout comme la majorité des Arabes vivent hors de Palestine (ou hors des camps de réfugiés). Quant aux inégalités intra-ethniques, elles sont que je sache extérieures au problème qui nous occupe ici. La gauche israélienne n'a plus aucun poids et les Arabes israéliens n'en ont guère.
Albert Marouani 13/10/2023
M. Chagnollaud, nous livre une analyse superficielle de seconde main. Rien d'original, aucune argumentation basée sur des faits et des données objectives. Une ignorance profonde du terrain. Pourquoi donc la revue "Alternatives" a-t-elle choisi de s'aligner sur les positions d'un islamo-gauchisme aux motivations troubles et qui s'accommode, voire qui partage, les valeurs de l'islamo-fascisme (incluant le Hamas, le Hezbollah et les mollahs iraniens entre autres...). Triste et consternant...
elegehesse 15/10/2023
Quels § te paraissent non basés sur des faits? Quels faits sont ignorés?
PHILIPPE NAUD 15/10/2023
Reprocher à quelqu'un une analyse "superficielle" tout en le traitant "d'islamo-gauchiste" n'est pas une démonstration éclatante de finesse dans l'analyse.
NOREDDINE BENYAHIA 15/10/2023
Erreur d’aiguillage ? Avec de tels éléments de langage, « valeurs actuelles » est peut être plus approprié pour vous.
Jacques Gilbert 12/10/2023
A Fernando Franco: avez vous jete un œil sur la charte du Hamas?
FERNANDO FRANCO 12/10/2023
Êtes vous sûr que ce n'est pas l'envers!!!! les excès des israéliens légitimant l'inévitable... Les enfants y massacrés voient-ils une autre issue que le Hamas? Est-ce soutenable que plus de deux millions de personnes soient mantenues dans une dépendance telle que finalement s'avère être une ressource de main d'œuvre pas chère, toujours disponible et sa plus que présumée révolte finit par légitimer l'extension de territoire? l'occident est-il sûr de ne pas être complice de ces massacres!!!
Jacques Gilbert 15/10/2023
Cher Monsieur, si vous avez bien écrit «  légitiment l’inevitable » et se les mots ont un sens, je n’ai rien de plus à vous dire.
FERNANDO FRANCO 15/10/2023
bien sur les mots ont un sens... pour cela j'ai ecrit "légitimant" et pas légitiment, ce qui n'est pas tout à fait la même chose!
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