Europe 

Un point noir dans le bilan de François Hollande

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François Hollande et Angela Merkel lors d'une visite du chef d'Etat français à Berlin, en janvier 2017. PHOTO : ©Wang Qing/XINHUA-REA

L’Europe fait partie des points faibles du bilan de François Hollande. En 2012, celui-ci avait commencé par la ratification du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), un texte voulu par Angela Merkel pour renforcer et pérenniser l’austérité budgétaire en Europe. Durant sa campagne électorale, le futur président avait pourtant promis de renégocier ce traité. Finalement, il n’en fut rien.

Durant sa campagne électorale, le futur président avait promis de renégocier ce traité. Finalement, il n’en fut rien

En échange de ce renoncement, l’Union était censée investir 120 milliards d’euros supplémentaires pour relancer l’activité, mais cet argent est resté largement fictif. Au contraire, le nouveau président fit le choix, dès 2013, de chercher à revenir sous la barre des 3 % du PIB de déficit public. Un choix funeste car il freina l’activité, empêchant au final à la fois de réduire les déficits et d’inverser la courbe du chômage, tout en entraînant l’explosion du débat sur le "matraquage fiscal".

François Hollande a certes joué un rôle important par la suite pour empêcher que la Grèce soit éjectée de la zone euro lors de la crise de l’été 2015, mais il n’avait pas réellement tenté auparavant d’engager une médiation entre le gouvernement Tsipras et les instances européennes pour éviter d’en arriver à cette crise ouverte.

La France a aussi laissé l’Allemagne en première ligne sur la question des réfugiés syriens, sans prendre sa part du fardeau, en refusant d’en recevoir un nombre significatif sur son territoire. Elle n’a pas mis non plus réellement son poids dans la balance pour aboutir à une solution européenne coordonnée. Manuel Valls s’est au contraire désolidarisé bruyamment de nos partenaires allemands à Munich en février 2016. Quant au projet de taxe européenne sur les transactions financières (TTF), théoriquement porté en particulier par la France, le gouvernement a en réalité cherché constamment à le vider de sa substance sur l’insistance du lobby bancaire hexagonal.

Pas de propositions pour l’avenir

Mais ce qui a surtout péché dans le quinquennat en la matière, c’est ce qui n’a pas été fait : Paris s’est fait remarquer par sa discrétion remarquable sur les grands dossiers européens de l’avenir. La France n’a fait aucune proposition significative à ses partenaires pour régler la question des dettes, relancer l’activité économique en Europe, accélérer la transition énergétique, lutter davantage contre le dumping fiscal ou encore réorienter la construction européenne dans un sens plus social, comme on aurait pu (ou plutôt dû) s’y attendre de la part d’un disciple de Jacques Delors.

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Commentaires (2)
LUC 02/03/2017
La ratification du TSCG pour renforcer et pérenniser l’austérité budgétaire en Europe : voilà LA décision de Hollande qui va orienter TOUTE sa politique pour 5 ans. Je pense qu'il y a une hiérarchie dans les décisions que prend un président de la République. En haut de cette hiérarchie, il y a l'Europe et si Hollande dit OUI à l'austérité européenne il ne peut qu'appliquer une politique libérale et que nommer un premier ministre libéral. Dès le début de son quinquennat les jeux étaient faits.
Léo RB 02/03/2017
Le bilan européen de Hollande est étrangement accablant. La relation personnelle Hollande Merkel a-t-elle été si mauvaise ? Ce sentiment d'hégémonie allemand est-il du fait des résultats économiques de nos voisins, de leur doxa ou d'un renoncement de Hollande ? Même Le plan Juncker n'a pas fait florès ! Les européens n'ont plus de projets communs ? Pourtant, il va bien falloir renouer ce couple franco-allemand pour impulser un nouveau projet européen sous peine de le voir sombrer...
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