Emploi : précarité au féminin

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Le travail partiel est le principal moteur des inégalités hommes-femmes sur le marché du travail.

" Les inégalités entre les hommes et les femmes se sont réduites, historiquement, sur le marché du travail, dans la famille, à l’école ", constate Françoise Milewski, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans le rapport1 qu’elle a remis début mars à Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l’Egalité professionnelle. Mais, ajoute-t-elle, les inégalités demeurent élevées, et certaines se sont même accrues : " L’égalité de droit ne conduit pas encore à une égalité de fait. "

Si les femmes sont de plus en plus nombreuses à avoir investi le marché du travail, elles travaillent aussi plus souvent que les hommes à temps partiel (29,8 % des femmes en 2003, contre 5,4 % pour les hommes) ou en CDD (9,6 %, contre 5,5 %). 61 % des emplois peu qualifiés sont occupés par des femmes, alors qu’elles sont en moyenne plus diplômées que les hommes, et 11 % des fem mes actives sont au chômage, contre 8,8 % des hommes2.

Une variable d’ajustement

Le temps partiel est un facteur essentiel de la précarité des femmes. Dans la dernière décennie, 1,5 million d’emplois féminins ont été créés, dont seulement 33 % à temps plein. Aujourd’hui, 82 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes. Le temps partiel imposé par l’employeur (50 % des cas) concerne surtout les femmes jeunes et peu qualifiées, alors que celles qui prennent elles-mêmes l’initiative du temps partiel sont plus souvent qualifiées et bénéficient d’un emploi stable. Mais parmi ces dernières, certaines " choisissent " le temps partiel faute de moyens de garde pour leurs enfants.

Au final, 80 % des travailleurs à bas salaire (ceux qui gagnent moins des deux tiers du salaire médian) sont des femmes. L’emploi des femmes continue à être considéré comme une variable d’ajustement à la conjoncture économique, et leurs salaires souvent comme des salaires d’appoint, ce qui contribue à les maintenir dans des situations de dépendance économique vis-à-vis de leur conjoint.

Le rapport adresse plusieurs recommandations au gouvernement : développer les structures d’accueil de la petite enfance, mais aussi inciter à une plus grande insertion des femmes dans l’emploi, tout en prêtant une attention particulière à la nature des emplois qu’on leur offre. Notamment visées, les créations programmées d’emplois dans le secteur des services à la personne, qui doivent être accompagnées, selon le rapport, de " garanties " en termes de durée du travail, de rémunération ou d’accès à la formation3.

Mais l’évolution de la situation des femmes dans l’emploi dépendra également beaucoup du comportement des entreprises. Fin janvier, Nicole Ameline a accordé à PSA Peugeot Citroën le premier label Egalité, pour ses efforts en faveur de l’emploi des femmes. Malgré tout, PSA ne compte qu’une fem me parmi les 21 membres de son conseil de surveillance et de son comité exécutif. Une étude en cours du cabinet Syndex4 montre que, de manière générale, les grandes entreprises ont encore beaucoup de progrès à faire. Elle constate notamment le faible nombre d’accords signés sur l’égalité professionnelle et l’absence quasi systématique de données complètes sur les pratiques des entreprises dans ce domaine.

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