Idées

La faillite, nous voilà !

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Les défaillances d'entreprises se sont multipliées en 2008. Elles ont frappé tous les secteurs d'activité.

Pour la première fois depuis trente ans, une crise économique frappe simultanément de part et d’autre de l’Atlantique", observent les spécialistes de l’assureur-crédit Euler Hermes Sfac. Conséquence : les faillites se multiplient.

A la différence des autres pays européens, la France a évité de peu l’entrée en récession au troisième trimestre 2008. Les défaillances d’entreprises ont cependant augmenté de 12 % sur les dix premiers mois de l’année 2008 et étaient en passe d’atteindre la barre des 56 000 fin décembre, le niveau le plus élevé depuis dix ans, selon Euler Hermes.

Répartition des défaillances d’entreprises en 2008, par secteurs

Immobilier, construction et transports

La remontée des défaillances s’observe dans tous les secteurs, mais les premiers concernés sont, sans surprise, l’immobilier et la construction. Ainsi que les transports, qui ont pâti de l’envolée des prix du pétrole avant de subir la baisse des volumes transportés. L’industrie avait mieux résisté jusqu’ici, mais la moitié des défaillances d’entreprises réalisant plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires a eu lieu dans ce secteur. Enfin, "signe de l’érosion du pouvoir d’achat", la sinistralité s’est fortement accrue également dans les commerces et les hôtels-cafés-restaurants.

Trop de liquidations

Défaillance ne veut pas dire nécessairement disparition de l’entreprise. Traditionnellement, une entreprise dont la cessation de paiements* est constatée par un tribunal de commerce fait l’objet soit d’un redressement judiciaire (elle peut continuer son activité sous certaines conditions), soit d’une liquidation, si son cas apparaît désespéré (ses actifs sont alors mis en vente pour rembourser ses créanciers). Dans la pratique, les deux tiers des procédures aboutissent actuellement à une liquidation. Une proportion jugée excessive de longue date et qui avait abouti en 2006 à la création d’une troisième procédure dite de "sauvegarde", analogue au chapter 11 américain.

1 % de sauvegardes

La sauvegarde devait permettre la réorganisation d’une entreprise en limitant les versements à ses créanciers avant même qu’il y ait cessation de paiement, facilitant ainsi la poursuite de l’activité économique, le maintien de l’emploi et l’apurement des dettes.

Las, elle n’a représenté que 1 % des procédures en 2008 ! Un chiffre qui pose la question de la bonne volonté des tribunaux de commerce, souvent critiqués : les juges (des non-juristes issus du tissu des entreprises) ont été accusés de manière récurrente de privilégier les liquidations afin de se débarrasser d’éventuels concurrents. Néanmoins, nombre de liquidations récentes concernent des jeunes entreprises nées en masse ces dernières années. Sous-capitalisées, elles avaient souvent peu de perspectives d’avenir et ont été terrassées par le retournement de conjoncture.

Pour Euler Hermes, 2009 s’annonce encore plus mal. Malgré les mesures prises pour favoriser l’accès des entreprises au financement, la récession devrait entraîner 63 000 défaillances, un chiffre proche du record historique de 1993.

* Cessation de paiements

état de l'entreprise qui ne peut plus faire face à ses dettes

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