Société

Rythmes scolaires : les quatre jours et demi contestés

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Les enseignants contestent les conditions de mise en oeuvre de la réforme.

La réforme des rythmes scolaires se heurte à une forte résistance parmi les enseignants. Même si beaucoup d’entre eux se disent favorables à une refonte des rythmes scolaires, ils contestent les conditions de sa mise en oeuvre et veulent la reporter d’un an.

Que dit la réforme ?

Les élèves auront toujours 24 heures de cours par semaine, mais elles seront étalées sur quatre jours et demi, au lieu de quatre aujourd’hui. Ceci afin d’alléger la journée de classe, jugée trop dense pour les enfants. A charge aux communes d’arbitrer entre plusieurs possibilités : ajouter 3 heures de classe le mercredi matin (ou le samedi par dérogation) et raccourcir les autres journées de 45 minutes, par exemple, ou prévoir 3 h 30 d’école le mercredi et raccourcir la journée d’une heure pendant trois jours et d’une demi-heure le quatrième jour. Le temps libéré permettra de mettre en place des activités périscolaires (sportives, culturelles, artistiques), soit pendant la pause de midi, soit après 15 h 45, deux moments où la faculté de concentration des enfants est plus faible.

Cette réforme permet d’assurer un meilleur respect des rythmes naturels d’apprentissage et de repos de l’enfant. Mais elle reste inachevée : pour ne pas se frotter au lobby de l’industrie touristique, le gouvernement a renoncé à rééquilibrer l’année scolaire, en diminuant les vacances d’été.

Pourquoi ça coince ?

L’une des principales craintes suscitées par cette réforme concerne les inégalités qu’elle risque d’engendrer entre les communes qui pourront mettre en place des activités périscolaires de qualité avec des animateurs qualifiés, et celles qui n’y parviendront pas, faute de moyens, notamment en milieu rural. Le gouvernement a bien prévu un fonds de 250 millions d’euros pour encourager les villes à franchir le pas dès 2013. Et l’aide accordée par élève sera plus que doublée pour les communes les moins riches. Mais le compte n’y est pas pour l’Association des maires des grandes villes de France, qui estime les besoins à 600 millions d’euros. Les élus réclament aussi que ce financement soit pérennisé. Reste que le statu quo n’est pas plus satisfaisant : certains enfants passent leur mercredi devant la télé tandis que d’autres profitent de cours de piano que leurs parents ont les moyens de financer...

Quant aux enseignants, ils ont l’impression qu’on leur en demande plus sans compensation. Leur temps de travail ne changera certes pas, mais leur temps de présence à l’école augmentera (surtout si c’est la pause de midi qui est allongée). Dans un contexte où les classes sont surchargées et où les professeurs sont sous-payés (par rapport aux autres pays comme par rapport à leurs collègues du second degré), cette réforme ne passe pas. Le problème, c’est qu’après avoir décidé de créer 60 000 postes dans l’Education nationale, le gouvernement n’a plus guère de marges de manoeuvre budgétaires pour répondre aux revendications salariales des enseignants, aussi légitimes soient-elles.

Au final, si la mobilisation devait faire reculer Vincent Peillon, tout le projet de "refondation" de l’école s’en trouverait fragilisé. Un comble, alors que l’objectif était justement de donner la priorité au primaire.

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