Economie

Déficit commercial : un léger mieux

3 min

Le déficit extérieur se réduit un peu, mais du fait surtout du tassement des importations lié à la faiblesse de l'activité.

Le début d’un retournement ? Après un record historique en 2011 (74 milliards d’euros), le déficit français du commerce extérieur a baissé de 6,9 milliards d’euros en 2012, à 67,2 milliards, dans le contexte général d’un commerce international peu florissant. Ceci malgré un alourdissement du déficit énergétique, qui atteint à lui seul un nouveau sommet à 69 milliards (+ 6 milliards).

La faiblesse des importations

Une évolution dont il ne faut pas se réjouir trop vite, puisqu’elle tient surtout au tassement de la croissance des importations, plus prononcé que celui des exportations. En cause, l’atonie de la demande intérieure française, conséquence d’une croissance nulle en 2012. Les imports n’ont crû que de 1,3 % en 2012 (0,1 % hors énergie), après 12,3 % en 2011. Cette érosion vaut pour toutes les zones d’origine, à l’exception des Etats-Unis, et affecte notamment les importations d’automobiles, de produits informatiques et de textiles : autant de biens que les Français achètent moins. Mais elle concerne aussi les produits intermédiaires et les biens d’équipements en raison de la faiblesse de la production et de l’investissement.

La croissance des exportations a elle aussi ralenti (+ 3,2 %, contre + 8,4 % en 2011). Les points forts de la machine exportatrice française sont confirmés : aéronautique, pharmacie, luxe, agroalimentaire. Le recul du déficit manufacturier masque deux évolutions divergentes. Vis-à-vis des marchés en croissance, les exportations se portent bien : elles croissent de 8,1 % hors Union, tirées par les achats des pays émergents et des Etats-Unis. Ce qui permet à la France d’enrayer ses pertes de parts de marché. Les ventes de produits français pâtissent en revanche des difficultés des principaux clients européens : elles n’augmentent que de 0,3 % vers l’Union. Si bien que le déficit se creuse vis-à-vis des partenaires européens, signe que la concurrence avec les pays en crise qui ont abaissé leurs salaires s’intensifie.

L’euro en embuscade

La résorption du déficit commercial se poursuivra-t-elle ? A court terme, cela dépendra essentiellement de trois facteurs. D’abord, de l’activité dans la zone euro, qui absorbe 47 % des exportations françaises (l’Espagne et l’Italie pèsent à elles deux presqu’autant que l’Allemagne, où s’écoulent 16 % des exportations françaises). De la stabilisation de la monnaie unique, ensuite, dont l’appréciation pourrait compromettre les performances des entreprises françaises hors de la zone euro. Et, enfin, de l’évolution des prix de l’énergie.

Evolution du solde commercial cumulé de la France, en milliards d’euros

N. B. : solde caf-fab, hors matériel militaire.

A plus long terme, le défi consiste à élargir les exportations au-delà des fleurons traditionnels de l’économie française : les PME hexagonales restent souvent mal positionnées à l’international, malgré le léger rebond du nombre d’entreprises exportatrices enregistré en 2012. C’est au contraire un des atouts majeurs de l’Allemagne, qui pavoise avec un excédent commercial record de 158 milliards d’euros en 2012, grâce notamment à sa spécialisation dans les biens d’équipements, plus adaptée à la demande des pays émergents. Mais il faut aussi s’attaquer plus sérieusement à la dépendance énergétique, de loin le principal poste du déficit extérieur.

À la une

Laisser un commentaire
Seuls nos abonnés peuvent laisser des commentaires, abonnez-vous pour rejoindre le débat !
Sur le même sujet