Protectionnisme, le retour ?

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La crise économique et financière s’est notamment traduite par une chute du commerce mondial, marquant ainsi un coup d’arrêt à une montée quasi ininterrompue jusque-là des échanges commerciaux internationaux. La crise a également réveillé les tentations protectionnistes. Mais les interdépendances sont désormais si fortes au sein de l’économie mondiale, non seulement du fait des échanges commerciaux mais aussi à cause des multinationales, qu’un retour au protectionnisme paraît improbable. Son coût serait en effet énorme du fait de la perte des économies d’échelle que permet la mondialisation des marchés.

Zoom Le formidable essor du commerce mondial

Le repli brutal des échanges internationaux depuis l’automne 2008 n’efface pas la formidable progression enregistrée au cours des dernières décennies. En l’espace de quarante ans, le commerce mondial a plus que doublé si on rapporte son volume à la richesse produite chaque année. Et ce sont surtout les pays à bas revenus qui commercent le plus avec les autres. Tandis que les économies des pays riches sont finalement les moins ouvertes au commerce extérieur, relativement à leur produit intérieur brut (PIB), lequel est certes très élevé. Pas étonnant, dans la mesure où leur économie est désormais faite, à plus des deux tiers, de services qui se prêtent peu aux échanges extérieurs.

Part du commerce international (exports + imports) dans le PIB, en %

En termes géographiques, c’est sans surprise en Asie de l’Est (qui comprend en particulier la Chine) que l’évolution est la plus impressionnante, et le niveau atteint le plus élevé. Mais même en Afrique subsaharienne, que l’on considère souvent à l’écart de la mondialisation, le commerce international représente désormais plus de la moitié du PIB. En Asie du Sud (Inde, Pakistan...), ce niveau reste en revanche bas, même s’il a quadruplé en l’espace de quarante ans.

Commerce mondial de biens et de services (en volume), en milliards de dollars 2000 et en variation annuelle
Part du commerce international (exports + imports) dans le PIB, en %
Zoom Le déploiement des multinationales

La croissance du commerce international ne suffit pas à rendre compte de l’interdépendance grandissante des économies. Le développement des entreprises multinationales y est aussi pour beaucoup. On peut suivre leur essor fantastique à partir des années 1980 à travers la montée des investissements directs étrangers. Rapporté au PIB mondial, leur poids a doublé tous les dix ans entre 1980 et 2000, pour atteindre un quart de la production mondiale en 2007.

Stock mondial d’investissements directs étrangers rapportés au PIB mondial, en %

Parmi les multinationales les plus importantes figurent nombre de sociétés industrielles, qui avaient été les premières à s’internationaliser. Mais on y trouve désormais aussi des sociétés de services, tant dans la distribution que dans la logistique, les télécommunications ou les services locaux. Les sociétés américaines forment toujours le contingent le plus important, mais elles sont en net recul, tandis que les européennes montent en puissance. Celles des pays émergents commencent également à compter.

Principales multinationales non financières en 2007, classées selon les effectifs hors du pays d’origine

* Transnationality index : moyenne des trois ratios : actifs à l’étranger/actifs totaux, chiffre d’affaires étranger/chiffre d’affaires total, personnel à l’étranger/personnel total.

Principales multinationales non financières en 2007, classées selon les effectifs hors du pays d’origine

* Transnationality index : moyenne des trois ratios : actifs à l’étranger/actifs totaux, chiffre d’affaires étranger/chiffre d’affaires total, personnel à l’étranger/personnel total.

Nombre de multinationales parmi les 100 premières mondiales, de 1990 à 2008, par pays

Classées par la valeur de leurs actifs en dehors de leur pays d’origine. Le total est supérieur à 100, car certaines entreprises, comme la société anglo-néerlandaise Shell, se voient attribuer une double nationalité.

Nombre de multinationales parmi les 100 premières mondiales, de 1990 à 2008, par pays

Classées par la valeur de leurs actifs en dehors de leur pays d’origine. Le total est supérieur à 100, car certaines entreprises, comme la société anglo-néerlandaise Shell, se voient attribuer une double nationalité.

Zoom Les déséquilibres persistent

L’instabilité monétaire chronique depuis la fin du système de Bretton Woods fausse la concurrence entre pays développés, mais aussi vis-à-vis des pays émergents. Après quarante ans de mondialisation, le dumping social reste, lui aussi, toujours d’actualité. La libéralisation du commerce n’a en effet pas entraîné de rapprochement sensible des niveaux de rémunération à l’échelle mondiale. Si les pays émergents d’Asie connaissent un réel rattrapage, la situation de nombreux pays pauvres ne s’est jamais améliorée.

Coût horaire d’un ouvrier de l’industrie, base 100 = France

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