L’explosion du chômage

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2009, année noire sur le front de l’emploi. Malgré le départ à la retraite des baby-boomers, le chômage est reparti brutalement à la hausse en France, signe que les difficultés économiques sont bien réelles. Inverser cette tendance prendra du temps et la dégradation du marché du travail se poursuivra au-delà de la sortie de récession, car les entreprises tardent généralement à ajuster leurs effectifs aux évolutions de la production. Une situation d’autant plus préoccupante que les statistiques sous-estiment le nombre croissant de personnes évoluant au-delà de la frontière officielle du chômage, mais qui sont toutefois en mal d’emploi.

Zoom Pourquoi ça va durer

Même si l’horizon économique semble se dégager depuis le deuxième trimestre 2009, il y a de fortes chances pour que le chômage continue son ascension vertigineuse. 592 000 emplois devraient être détruits en 2009, selon les prévisions de l’Insee, soit six fois plus qu’en 2008 ! Le taux de chômage, quant à lui, devrait atteindre 10,5 % à la fin de 2009 sur l’ensemble du territoire (10,1% en France métropolitaine). Et il pourrait même poursuivre son ascension en 2010. Il existe en effet un délai d’ajustement entre les évolutions de l’emploi et celles de la production. Même si la reprise de l’activité se confirme en 2010, ce qui est loin d’être acquis, les entreprises ne recommenceront à embaucher qu’avec un certain retard, car un recrutement peut se révéler coûteux si les évolutions anticipées du carnet de commandes ne se confirment pas. Chez les employeurs, la prudence est donc de mise. Ils tenteront d’abord de répondre à un surcroît d’activité à effectif constant, en augmentant la productivité de leurs salariés.

Evolution de l’emploi salarié*, en millions

Autre facteur de décalage : la multiplication des plans sociaux début 2009. Leur impact sur les chiffres du chômage ne devrait se faire sentir que fin 2009. Là encore, il existe un délai (légal, cette fois-ci) avant que les licenciements n’entrent en vigueur.

Zoom Qui est le plus touché ?

Les jeunes hommes sont les premières victimes de la crise. Leur taux de chômage a augmenté de 3,4 points en France au premier semestre 2009, contre une hausse de 1,3 point pour les jeunes femmes. Résultat : l’écart entre le taux de chômage des hommes et des femmes s’est réduit à son plus bas niveau historique (0,8 point). Si la chute des effectifs n’épargne aucun secteur concurrentiel, elle frappe particulièrement durement l’industrie. Ce qui explique aussi les fortes disparités dans la remontée du chômage d’une région à l’autre.

Nombre de demandeurs d’emploi inscrits fin juin 2009 à Pôle emploi en catégories A-B-C, par région

A l’échelle internationale, le taux de chômage des Etats-Unis a dépassé celui de l’Union européenne. Coup dur pour un pays dont la flexibilité du marché du travail était encore récemment érigée au rang de modèle à suivre.

Taux de chômage trimestriel au sens du BIT en France métropolitaine par sexe et par âge, en %
Les Etats-Unis rattrapent l’Europe
Zoom Un halo qui s’étend

Précarité, temps partiel subi, sous-emploi, travailleurs découragés : si la définition du chômage est relativement précise, il existe autour de cette catégorie statistique de nombreuses personnes qui, sans être chômeurs proprement dits, évoluent à la lisière de l’emploi. C’est ce qu’on appelle le halo du chômage, dont le champ continue de progresser. En témoigne l’augmentation du nombre de personnes en sous-emploi, c’est-à-dire qui travaillent à temps partiel alors qu’elles cherchent un emploi à temps plein. Une augmentation d’ailleurs largement imputable au développement du chômage partiel : 183 000 personnes étaient concernées au 1er trimestre 2009. De la même manière, on compte près de 770 000 inactifs qui voudraient travailler mais qui ne rentrent pas pour autant dans la définition du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT).

Nombre de personnes en sous-emploi, d’inactifs souhaitant travailler et de chômeurs, en millions
Personnes en situation de sous-emploi au sens du BIT, en % du nombre de personnes en emploi (moyennes trimestrielles)

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