Institut de l’écologie en milieu urbain (Idemu) : vert l’emploi

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L'idée : inventer les métiers verts de demain

Au départ, il y a deux associations d’insertion franciliennes : Halage (L’Ile-Saint-Denis) et Espaces (Issy-les-Moulineaux). Ces deux structures fondent en 1995 l’Institut de l’écologie en milieu urbain (Idemu) pour imaginer les emplois verts de demain. Idemu organise alors des chantiers d’insertion en inventant de nouvelles qualifications, comme celle d’éco-cantonnier ou d’agent de développement de l’écologie urbaine. Des métiers qui se veulent en phase avec le double enjeu de préservation de l’environnement et de création d’emplois. En 2012, près de deux cents personnes ont suivi un parcours d’insertion ou de formation au sein d’Idemu.

Développement et perspectives

"Nous étions des Don Quichotte lorsque nous nous sommes créés. Maintenant, on vient nous chercher", s’enorgueillit Eric Declavel, responsable insertion et formation à Idemu. L’association s’est forgée depuis 1995 une identité d’expert en matière de gestion différenciée des espaces verts et du paysage sur toute l’Ile-de-France. Ce concept cumule les principes d’une agriculture biologique (non-recours aux produits chimiques) appliquée aux espaces verts, et des méthodes d’entretien qui encouragent la biodiversité. Par exemple, le maintien de certaines espèces végétales dites spontanées (anciennement "mauvaises herbes") permet d’attirer des insectes qui sont les prédateurs d’espèces nuisibles.

"L’innovation n’est pas tant dans la technique que dans la conception de l’entretien paysager", explique Eric Declavel. Une conception qui pourrait se résumer par l’idée que nos espaces verts se portent mieux si nous cherchons des alliés ailés au ras des pâquerettes, plutôt que de tenter de régner en maître sur une terre brûlée par les pesticides.

Au départ de l’activité d’Idemu, il a fallu affronter le scepticisme des clients potentiels que sont les collectivités locales. En dehors du Conseil régional, qui a soutenu les chantiers d’insertion d’Idemu via le dispositif d’aide Emploi insertion environnement, "il régnait un certain scepticisme sur la valeur ajoutée environnementale de notre activité et il fallait avancer d’autres types d’arguments pour les convaincre, comme la création d’emplois,", se souvient Eric Declavel. L’insertion et la création d’emplois sont au coeur du projet d’Idemu, puisque ses éco-activités sont mises en oeuvre dans le cadre de chantiers d’insertion autour des activités d’entretien et de réhabilitation paysagère.

Le développement des Agenda 21 locaux et celui - plus récent - des démarches communales dites "Zéro phyto", comme à Bordeaux ou à Strasbourg, ont favorisé la notoriété de la gestion différenciée. Le plan gouvernemental Ecophyto (2008), qui prévoit de réduire de 50 % le recours aux pesticides, autant dans les champs que dans les parcs et jardins, a apporté la confirmation qu’Idemu avait "senti" avant les autres le sens du vent.

Idemu s’appuie sur la forte demande actuelle pour recruter des techniciens en gestion différenciée car l’association, en plus d’oeuvrer à la réinsertion professionnelle via des chantiers d’insertion préqualifiants, est aussi agréée par le ministère de l’Agriculture pour former au certificat d’aptitude professionnelle agricole (Capa), avec une spécialisation sur la gestion différenciée. L’association forme une centaine de personnes chaque année.

Depuis le 1er janvier 2013, Idemu est passée dans le giron de la Croix-Rouge insertion, une association rattachée à la Croix-Rouge française et qui s’implique sur le champ de l’emploi et de l’insertion depuis novembre 2011. Ce choix a été guidé par la nécessité, pour Idemu, de stabiliser sa situation financière et de trouver les moyens de développer ses activités. Idemu est présent à travers ses chantiers et ses formations en Seine-Saint-Denis, en Essonne et dans les Hauts-de-Seine.

L’organisation

Idemu a perdu son statut d’association indépendante en devenant un établissement administré par la Croix-Rouge insertion. Toutefois, il conserve une autonomie d’action et une comptabilité différenciée des autres entités de l’association caritative.

L’impact global

Idemu dispose, sur le territoire francilien, d’une "reconnaissance qui tient à son histoire" sur les prestations de gestion différenciées, reconnaît Eric Declavel. L’objectif originel d’Idemu était de créer des métiers à part entière comme celui d’éco-cantonnier ou d’agent de développement de l’écologie urbaine, une version écologique du gardien d’immeuble. Ce gardien devait être capable d’assumer les tâches traditionnelles de la fonction, tout en apportant ses compétences sur la gestion des déchets, la mise en oeuvre du compostage collectif, une gestion différenciée des espaces verts d’une résidence ou encore un usage parcimonieux de l’eau. Quand bien même ces métiers n’ont pas émergé en tant que tel, "si vous regardez les codes Rome [la classification des métiers selon Pôle emploi], on retrouve dispersées les compétences que nous avons conçues et mises en oeuvre", souligne Eric Declavel.

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Catherine Abou El Khair