Histoire

Comment Fidel Castro a détruit l’opposition

14 min

Dès 1959, le régime a réprimé toute voix critique. Et d'abord cellede ses ex-alliés politiques. Aujourd'hui, des dissidents isolés se battent dans l'indifférence d'une population occupée à survivre.

A Cuba, le pouvoir d’Etat a depuis longtemps réduit en miettes l’opposition organisée. Seuls quelques dissidents isolés se font de temps à autre entendre, dans la quasi-indifférence d’une population occupée à survivre. Cette répression de la moindre voix critique remonte aux premières heures du régime. Et elle s’est exercée d’abord sur ceux qui avaient participé avec Fidel Castro au renversement de la dictature de Batista, en 1959.

Depuis l’indépendance de Cuba en 1902, des élections libres et régulières étaient organisées dans l’île. Mais leurs résultats n’avaient guère d’influence sur la façon dont le pouvoir était réellement partagé, au sommet de l’Etat, entre acteurs politiques disposant de ressources diverses : influence régionale, puissance économique et financière, manipulation de bandes armées, soutien d’un secteur de l’administration américaine... Jusqu’en 1933, le parti libéral et le parti conservateur se succé­dèrent au pouvoir, négociant entre eux la répartition des prébendes. Mais Gerardo Machado, élu sous la bannière du parti libéral en 1925, s’était mué en dictateur et son renversement en 1933 ouvrit la voix à une modernisation du système politique. L’armée devint le pilier du régime et une Constitution progressiste fut promulguée en 1940.

De nouvelles forces politiques apparurent - le Parti socialiste populaire (PSP, communiste) fut légalisé - et les candidats du Parti authentique accédèrent à la présidence de la République (Ramón Grau San Martín en 1944, puis Carlos Prío Socarrás en 1948). Malgré cette maturation démocratique, les pratiques de négociation du pouvoir entre rivaux politiques et représentants des différents secteurs d’inté­rêt n’avaient jamais cessé. Les uns et les autres étaient entrés en collusion avec les gangs armés pour régler leurs comptes. Les sentiments de frustration et de dépossession étaient prégnants au sein de la population, dont le Parti orthodoxe - né d’une scission avec le Parti authentique - illustrait le ras-le-bol, à travers le choix du balai comme emblème.

Négociations " parallèles "

Ainsi, le coup d’Etat par lequel le général Fulgencio Batista s’empara du pouvoir le 10 mars 1952 n’avait, dans un premier temps, guère suscité de résistance, tant la population cubaine était lasse de la corruption généralisée. Mais au cours des années suivantes, il devint clair que Batista avait bloqué le système des négociations " parallèles ", qui était au coeur du régime depuis l’indépendance. L’ensemble des forces de l’opposition se regroupèrent pour provoquer la chute du " tyran " et " obtenir le retour à la normalité constitutionnelle ".Ces forces étaient composites. D’un côté, les représentants de la " vieille opposition " (qui regroupait notamment d’anciens responsables politiques comme Prío Socarrás) pensaient pouvoir contraindre Batista à la démission grâce aux ressources financières et à leur assise politique traditionnelle. De l’autre, des groupes de jeunes, issus surtout des milieux étudiants, tels le Directoire révolutionnaire des étudiants (DRE) et le Mouvement du 26-Juillet (M26), prônaient la " thèse insurrectionnelle ". Dans les villes, et principalement à La Havane, leur " lutte clandestine " combinait sabotages et attaques ciblées, mais sans coordination d’ensemble. Certains parmi eux optèrent pour la guérilla dans les zones rurales. Ainsi, un groupe d’hommes du M26, emmenés par Fidel Castro, établit le premier foyer dans les montagnes de l’est de l’île, à la fin de l’année 1956.

Malgré leur unité de façade, les différents courants de l’opposition avaient non seulement des intérêts divergents, mais aussi des conceptions différentes de la société ou des réformes à venir. D’où leurs négociations permanentes.Pour les représentants de l’opposition traditionnelle, l’enjeu était de s’assurer une place prépondérante au sein de cette vaste nébuleuse. Pour cela, ils s’appuyaient sur deux piliers classiques de la politique cubaine : en amont, ils cherchaient à obtenir le soutien d’un secteur du gouvernement des Etats-Unis - Département d’Etat ou CIA. En accord avec leurs propres stratégies, ces derniers soutinrent de fait, à un moment ou un autre, chacun des secteurs de l’opposition. En aval, l’opposition traditionnelle cherchait à placer sous son égide le DRE et le M26, pour démontrer qu’à travers eux, elle contrôlait un territoire ou un secteur de la société. Une fois le " tyran " déposé cependant, elle entendait bien endiguer les visées radicales du DRE et du M26.

Pour ces derniers, eux-mêmes divisés - selon des clivages idéologiques et stratégiques qui ne recoupaient pas forcément la partition entre clandestinité urbaine et guérillas -, les règles du jeu politique étaient les mêmes, mais l’objectif idéal était strictement inverse. Ils espéraient que la lutte armée leur conférât une légitimité afin de prendre l’ascendant sur les hommes politiques traditionnels. Pour y parvenir - et favoriser ensuite la mise en place de politiques radicales -, ils s’employèrent à créer un climat insurrectionnel généralisé dans l’île. Le M26 et le DRE tentèrent donc de s’allier avec des organisations capables de mobiliser les milieux étudiants et ouvriers. Avec des résultats mitigés. Certes, le monde universitaire se mobilisa, lorsque le llano (la branche urbaine du M26) organisa une " grève insurrectionnelle " en avril 1958, mais les syndicats et le PSP restèrent en retrait. Même frappé d’interdiction par Batista, le PSP - conformément à la ligne du Komintern - se méfiait de ces jeunes révolutionnaires exaltés. L’échec de la " grève insurrectionnelle " en ville et les succès militaires de la guérilla en province permirent progressivement à la faction de Fidel Castro de prendre le contrôle du M26. Après la signature du " pacte de Caracas " en juillet 1958 entre les différents courants de l’opposition, elle plaça sous son égide tous les groupes opposés à Batista. Le 1er janvier 1959, le dictateur était en fuite.

Phase d’épuration

Le gouvernement qui fut formé après le départ de Batista fit la part belle aux personnalités de sensibilité libérale qui s’étaient ralliées au M26 entre 1956 et 1958. Le juge Manuel Urrutia, par exemple, fut nommé président de la République. Fidel Castro, qui n’était alors " que " commandant en chef de l’armée, sut néanmoins placer des hommes de confiance issus de sa guérilla à des postes clés. Son frère Raúl et Ernesto Guevara prirent respectivement le commandement de l’armée à Santiago de Cuba (sud-est de l’île) et la direction de la forteresse militaire de La Cabaña, à La Havane.

La mise en place de la nouvelle armée s’accompagna d’une phase d’épuration dont il est encore difficile aujourd’hui de chiffrer le nombre de victimes (plusieurs centaines ? plusieurs milliers ?). Tout au long du mois de janvier 1959, les exé­cutions sommaires de " partisans de Batista " se multiplièrent. Perpé­trées au niveau local sous l’impulsion des nouvelles autorités, il semble que dans un premier temps, elles n’obéirent pas à une rationalité d’ensemble. Dans un second temps, alors que La Cabaña était devenue un véritable centre d’exécutions, l’inquisition menée par Fidel Castro contre " les assassins à la solde de Batista " convergea avec le ressentiment populaire contre les " profiteurs " et les " puissants " de l’ancien régime.

Parallèlement, les secteurs les plus radicaux du M26 et du DRE opérèrent un rapprochement stratégique avec les communistes du PSP - dont la cohérence idéologique était susceptible de leur fournir une doctrine, et dont les militants étaient, en outre, organisés à tous les niveaux de la société. Dans le même temps, les premières mesures de redistribution économique donnèrent une assise populaire au nouveau régime. Dès lors, même si Fidel Castro prit grand soin tout au long de l’année 1959 de démentir les rumeurs " d’infiltration communiste ", l’opposition à son pouvoir depuis les rangs même du régime ne cessa de croître.

La rupture entre Fidel Castro et les secteurs démocratiques du DRE et du M26 se profilait. Mais avant même qu’elle ne devienne patente (à partir de l’automne 1959) fut institué le G2, police politique nouvellement organisée sous la direction de proches collaborateurs de Fidel Castro issus de la sierra (les guérilleros du M26), en vue d’épurer le " corps révolutionnaire " de ses ennemis. Dans la même logique, des milices furent créées à l’échelle de chaque centre de travail en octobre 1959, suivies un anplus tard par les" comités dedéfense de la révolution ", - mis en place à l’échelle de chaque pâté de maison.Certains dirigeants de l’opposition traditionnelle (Prío, le président Urrutia et le premier ministre Miró Cardona) prirent le chemin de l’exil dès le début de l’année 1959 pour tenter d’y recomposer une alliance, de planifier éventuellement des débarquement armé dans l’île, et bénéficier de l’aval du gouvernement américain. Avant d’être également contraints à l’exil ou emprisonnés durant les années 1960-1961, d’autres ministres ou syndicalistes démissionnaires tentèrent vainement de reformer un front unitaire, contre Fidel Castro cette fois. Un troisième groupe enfin, composé de militaires et fonctionnaires de rang intermédiaire, adopta une attitude plus ambiguë. Ils restèrent au sein de l’armée rebelle ou de l’appareil d’Etat, tout en se tenant prêts à rejoindre une coalition de forces capables d’infléchir la politique révolutionnaire. Certains allèrent plus loin, perpétrant ça et là des actes de sabotages et recherchant les moyens de mener à bien d’autres actions armées.

De toutes ces initiatives éparses naquirent plusieurs organisations au cours de l’année 1960 : le Mouvement de récupération révolutionnaire (MRR), le Mouvement du 30-Novembre, de David Salvador, et le Directoire révolutionnaire étudiant - les secteurs du DRE restés aux côtés de Fidel Castro se rebaptisèrent DRE-13 de Marzo (en référence à l’attaque du palais présidentiel perpétrée le 13 mars 1957).

Mise au pas de la société

Sur le plan externe, ces différents opposants au virage " communiste " du régime comptaient sur le relais des personnalités en exil - ainsi que sur le soutien des membres des classes moyennes et supérieures qui les avaient suivies en pensant que leur séjour à Miami, aux Etats-Unis, serait bref. Sur le plan interne, ils espéraient attirer à eux la fraction de la population qui hésitait encore sur l’attitude à adopter face au nouveau régime, et qui n’était pas loin de constituer la majorité des Cubains.

Rapidement, Fidel Castro classa ceux qui mettaient en doute la politique du nouveau gouvernement dans la catégorie des " contre-révolutionnaires ". Ainsi, en octobre 1959, Huber Matos, " numéro 3 de la Révolution ", fut arrêté et condamné à vingt ans de prison bien qu’il n’eût participé à aucun complot contre le régime. Les membres des organisations clandestines en milieu urbain et les gens catalogués comme " réfractaires " furent les premières cibles du G2. Puis vinrent les " nettoyages " successifs de l’Escambray, région montagneuse située au centre de l’île où se formèrent à partir de 1960 des guérillas anticastristes, dont de nombreux membres avaient appartenu à l’armée rebelle de Castro. La peine de mort rétablie et l’habeas corpus suspendu, les " contre-révolutionnaires " furent envoyés en masse vers les établissements carcéraux, avant d’être regroupés au Presidio Modelo, pénitencier de l’île des Pins. L’échec de la tentative de débarquement de 1 500 Cubains exilés à Playa Girón (baie des Cochons) le 15 avril 1961 permit au nouveau pouvoir d’accélérer la mise au pas de la société : environ 100 000 personnes signalées comme réfractaires ou suspectes furent arrêtées. Dès lors, et même si les guérillas de l’Escambray ne furent complètement éliminées qu’en 1965, l’opposition armée au régime disparut à l’intérieur de l’île.

Revirements perpétuels

Au sommet de l’édifice révolutionnaire, le PSP, le DRE-13 de Marzo et le M26 furent réunis en juillet 1961 au sein des Organisations révolutionnaires intégrées (ORI) sous la direction du dirigeant communiste Aníbal Escalante. Mais ce dernier fut limogé moins d’un an plus tard, sous l’accusation de " sectarisme ". Un limogeage qui illustre la façon dont les purges au sein de l’élite dirigeante furent dès lors systématiquement utilisées par le régime castriste, pour justifier les revirements perpétuels de la ligne politique et tuer dans l’oeuf toute velléité d’opposition.

Après la destitution d’Escalante, les ORI devinrent le Parti uni de la révolution socialiste, puis le Parti communiste de Cuba, en 1965. Cette même année, plusieurs groupes de dirigeants intermédiaires furent accusés par Fidel Castro de mener la " dolce vita ", et destitués ou envoyés dans des " unités militaires d’aide à la production " (Umap). En 1968, Raúl Castro lut un rapport dénonçant la formation d’une " microfaction " opposée à la " ligne " au sein du parti, dont l’essentiel des membres de l’ex-PSPfirent les frais. Cette épuration régulière impose, à l’intérieur même des cercles du pouvoir, un sentiment d’incertitude. Le démembrement du ministère de l’Intérieur et l’exécution du général Ochoa, en 1989, en apportèrent une illustration éloquente. Certes reconnu coupable de trafic de drogue, Ochoa s’était surtout déclaré en privé favorable à la perestroïka.

Entorses à la législation

Aux échelons inférieurs de la société, l’opposition politique devint au fil des ans de plus en plus difficile à définir en tant que telle. Pour la quasi-totalité de la population, l’exil et le contournement des normes édictées par le régime constituèrent, à partir du milieu des années 1960, les seules manières d’échapper aux modes d’organisation totalitaire - malgré les risques encourus. Les dizaines de milliers de prisonniers politiques des premières vagues de répression, soumis à d’effroyables conditions carcé­rales, furent ainsi rejoints à partir de la fin des années 1960 par de nouvelles catégories de détenus, condamnés pour des délits d’apparence moins politique, comme " tentative de sortie illégale du territoire " ou " sacrifice de bovin " (bovins dont l’Etat est seul propriétaire). La frontière entre acte d’opposition et entorse à la législation économique apparut de la sorte de plus en plus poreuse.

Zoom Le projet Varela : 11 000 pétitionnaires face au pouvoir

Né en 1952, Oswaldo Payá Sardiñas est sans doute le dissident cubain le plus connu à l’étranger. Fondateur du Mouvement chrétien de libération, il est le principal promoteur du projet Varela - du nom d’un prêtre qui lutta pour l’indépendance de Cuba au XIXe siècle. Presque toute l’opposition cubaine a aujourd’hui trouvé un terrain d’entente, en adoptant une stratégie qui propose un changement dans le respect de la loi du pays : l’article 88 de la Constitution stipule en effet que " l’initiative des lois revient (...) aux citoyens " si une proposition " d’au moins dix mille " d’entre eux " jouissant de la condition d’électeurs " est présentée devant l’Assemblée nationale du pouvoir populaire.

Le projet Varela ne propose pas de modifier la Constitution mais de faire en sorte que les lois en respectent l’esprit et garantissent les droits qu’elle proclame. A ce titre, il réclame la tenue d’un référendum autour de cinq propositions : établir la liberté d’association, d’expression et de la presse ; amnistier les prisonniers politiques ; créer le droit à former des entreprises privées ; déterminer des circonscriptions électorales distinctes (municipales, provinciales et nationales) élisant pour chacune des assemblées correspondantes des candidats nommés uniquement sur la base des signatures de soutien récoltées auprès des électeurs de la circonscription ; et enfin organiser des élections générales, 270 à 365 jours après le référendum.

La visite de James Carter à Cuba en mai 2002 a révélé au monde l’existence du projet Varela, remis un an auparavant à l’Assemblée nationale du pouvoir populaire, et appuyé par 11 020 signatures. Mais dès le mois suivant, Fidel Castro a organisé une réforme de la Constitution proclamant le caractère socialiste " irrévocable " de l’Etat, " sur proposition " de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire. Adoptée à l’unanimité par les députés - au cours d’un vote oral individuel - et par près de 9 millions de citoyens - appelés à apposer leurs nom, prénom et numé­ro de carnet d’identité sur le registre du Comité de défense de la révolution auquel ils appartiennent -, cette réforme est venue tacitement balayer la légitimité d’un référendum.

Cependant, partout dans l’île, le projet a continué de récolter des signatures et, en novembre 2002, Oswaldo Payá Sardiñas a reçu du Parlement européen le prix Sakharov des droits de l’homme.

Plus de la moitié des opposants arrêtés lors de la vague répressive de mars 2003 sont des promoteurs du projet Varela, ce qui, d’après Payá, prouve que le régime castriste se sent menacé par une population qui peu à peu " se libère de la peur ".

Dans le monde de la culture, des arts et des lettres, de nombreux acteurs furent sanctionnés pour " diversionnisme idéologique ", tandis que " hippies " ou homosexuels le furent pour " conduite impropre " et envoyés dans les Umap. Ces derniers étaient victimes de l’application arbitraire des paramètres fluctuants de la répression, car leur oeuvre, leur comportement, et de façon évidente leur pré­férence sexuelle, ne constituaient pas forcément un acte d’opposition politique. Ainsi, le poète Heberto Padilla, exclu de l’Union nationale des artistes et écrivains cubains en 1971, n’était pas à proprement parler dans un rapport de confrontation avec les autorités. A l’inverse, l’écrivain Reynaldo Arenas, incarcéré dans les années 1970, puis en exil aux Etats-Unis à partir de 1980, percevait d’emblée l’écriture de ses oeuvres comme un acte de dissidence.

A l’heure actuelle, les dissidents symbolisent depuis l’étranger l’opposition intérieure au régime castriste. Le mouvement de défense des droits de l’homme est né dans les prisons à la fin des années 1970. Des milliers de prisonniers politiques, victimes des vagues de répression des débuts du régime, étaient encore incarcérés. Dans une situation de vulnérabilité absolue, ils cherchaient d’abord à alerter le monde extérieur de leur situation. La formation du premier noyau de militants issus de la " microfaction " participait du même combat : Ricardo Bofill et Martha Frayde créèrent en 1976 le Comité Cubano Pro Derechos Humanos. A partir de là, explique Ariel Hidalgo, aujourd’hui en exil, ils perçurent bientôt " la possibilité de miner la structure totalitaire grâce à des associations de base qui gagneraient du terrain petit à petit dans la population, sous le parapluie protecteur des pressions internationales. "

La dissidence infiltrée par la police

A l’extérieur des prisons, des groupuscules réunirent à partir des mêmes prémisses des " déçus de la Révolution ", des chrétiens laïcs, des artistes ou des citoyens qui s’étaient jusque-là efforcés de se maintenir " loin de la politique ". Depuis la fin des années 1980, la dissidence intérieure a promu l’idée d’une " réconciliation nationale " et s’est vue reconnaître par les exilés de Miami - qui jusque-là, se méfiaient des opposants internes - un rôle prééminent dans la recherche d’une transition à la démocratie.

Mais les dissidents sont soumis depuis leur apparition à un harcèlement continuel et multiforme, qui handicape considérablement la propagation du mouvement. Les emprisonnements, la peur et la découverte d’agents du régime infiltrés dans leurs organisations ont eu raison de la majorité d’entre eux, finalement poussés par le découragement à accepter les possibilités qui leur ont été offertes de quitter le pays.

Pire encore, ils ne rencontrent qu’un faible écho dans la population, qui est d’abors occupée à résoudre ses difficultés quotidiennes, rêvant d’une vie ailleurs, et peu encline à prêter une oreille attentive à des individus dont chacun craint, dans cet univers plongé depuis cinquante ans dans la paranoïa, qu’ils ne travaillent en fait pour la Sûreté de l’Etat ou la CIA.

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